Biolay au Paradis

Publié le 18 mai 2013 par Petistspavs

Curieuse impression de faire ma crise d'ado, quelques lustres (éteints) après. J'écris ces mots samedi en écoutant ce double CD magnifique reçu ce matin de la FNAC. Ca s'appelle Love songs, c'est un très bel objet qui s'ouvre comme un livre en couleurs, comme un rêve de Jacques Demy. C'est chanté par Vanessa Paradis, produit, arrangé, maquillé par le magicien Benjamin Biolay, qui depuis quelques années transforme tout ce dont il se mêle en joyau, entre or fin et diamant brut. Exception faite, il est vrai, du choix des films ou téléfilms dans lesquels il fait l'acteur, même si en loup(e) pour Jaoui, il était fort convainquant, plus que le film lui-même.

Multi-instrumentiste à la formation classique, Benjamin Biolay, écrivain à la précision chirurgicale dans le jeu avec la langue, grand prestataire d'émotions, BB pour mes intimes est devenu pour la chanson française apparentée au rock ce qu'est Houellebecq pour la littérature, Dumont ou Bonello pour le cinéma, une sorte de rebelle interne à l'institution, un marginal qui s'afficherait au centre, un patron.

Comme j'avais écouté deux ou trois fois le disque avant de l'acheter (pour moi, à mon âge et à l'heure qu'il est, commander à la FNAC un disque de Vanessa Paradis n'allait pas de soi), sachant que, si BB avait écrit et dirigé les arrangements des 22 titres (20 + 2 dans l'édition "de luxe"), il n'avait lui même composé et écrit que sept titres, je me suis amusé tout seul à repérer "à l'oreille" ces sept titres 100 % BB. Et bien, mes chers amis, ce n'est pas pour me vanter, mais j'ai reconnu les sept sans hésitation. Ce n'est pas que je suis doué (encore que j'ai énormément écouté Biolay) mais ce type a une classe folle et une personnalité tout à fait hors du commun.

Et Vanessa dans tout ça ? Sa voix acidulée d'enfant gâtée ne m'énerve plus, bien au contraire. Ses repères sont tout de même, après un Joe le taxi de circonstance (elle évoque ce passé de Lolita pour TF1 dans une des chansons que je vous propose plus bas), Serge Gainsbourg, Jean-Claude Brisseau, Johnny Depp et, aujourd'hui, Benjamin Biolay. Sur un CV, ça se remarque. Sans doute, vingt titres, plus deux, très beaux, en bonus dans l'édition spéciale, c'est un peu trop. L'album ne comporte aucune mauvaise chanson, il n'y a pas d'effet "remplissage". Mais certains titres donnent la tonalité, d'autres non et sans doute s'en tenir à quinze ou seize titres aurait musclé l'ensemble, qui n'aurait plus décollé du sublime. Tel qu'il est, il me plait, il me fait de l'effet et je l'aime.

Si BB domine incontestablement l'ensemble, les quelques titres de Mathieu Boogaerts sont vraiment bien, bien, bien.

Histoire de partager et de vous faire écouter, voici deux titres que je n'ai pas encore entendus à la radio, qui racontent, dans l'ordre où je les ai mis, une histoire d'amour à l'envers, on se sépare, puis on se rencontre. Pourquoi pas d'ailleurs ? Attention, il y a un duo.

Si le lien fonctionne, vous avez ICI le mini-concert de Vanessa Paradis pour France inter, il y a peu de soirs, présentant certains titres de l'album avec interview où il est question de BB, et c'est pas mal du tout.

Ne boudons pas notre plaisir. Tout court, ne boudons pas.

Et aujourd'hui, c'est la centième de Charles Trénet. Ya d'la joie !