Le mot « idolâtrie » vient du grec eidôlo-latri: culte des images. Idolâtrer, c'est aussi réduire Dieu, refuser sa transcendance. Le Très-Haut est toujours plus haut que nos représentations et très loin de nos préjugés. Mais une société comme un individu peuvent inventer leurs dieux et rendre des cultes singuliers aux dernières idoles à la mode. Le sexe, l'argent, le pouvoir, le bien-être à tout prix, tels sont sans doute les autels qui accueillent pas mal de fidèles à leurs grands-messes. Il faut un certain courage pour s'en détourner, tranquillement. Le confort d'une existence bien rangée et sans problèmes, les sous, le plaisir, la réussite sociale, voilà qui risque aussi de devenir plus important que la vie, que l'essentiel !
Plus profondément, les faux dieux qui nous asservissent et nous aliènent sont sans conteste les convictions, les doctrines, les croyances auxquelles je m'accroche sans lâcher. Un manque d'humilité pousse très souvent à se prosterner devant le moi, à vouer un culte à ses propres idées en rejetant par là ce que je suis de grand sous ce fatras d'étiquettes et d'images vieillies.
Se libérer, ici, c'est se détacher de ses projections. Délivrance qui est l'une des vocations d'une vie spirituelle qui vise à nous aider à accomplir par amour ce que nous étions sommés de faire par devoir. Adorer l'Éternel, c'est habiter librement toute sa Création, contempler sa beauté sans jamais en faire une idole. Le Dieu vivant est toujours transcendant, il transcende tout, même sa transcendance, pour se rendre tout proche de nous, là où aucune idole ne subsiste.
Alexandre Jollien
source : La Vie