Il y a deux grands types de scènes dans Écoute le temps. D'abord celles où l'héroïne déplace son micro dans la pièce et se remémorre les évènements passés avec émotion. Les souvenirs évoqués sont souvent suprêmement anecdotiques et apportent très peu au film. Ensuite celles où Charlotte sillonne le village à la recherche de témoignages sur le meurtre de sa mère. L'enquête est bas de plafond, d'une simplicité finalement aberrante, et l'on se dit qu'il n'y avait guère besoin de déployer des moyens surnaturels pour découvrir la clé de l'histoire. Les comédiens sont assez moyens, d'Émilie Dequenne (qui halète fort quand elle a peur et fait rougir ses jous quand elle est triste) à Mathieu Demy (même pas lunaire). Bref, c'est le calme plat.
Pourtant, Écoute le temps n'est pas totalement inintéressant : même si elle exploite mal les atouts de son script, la réalisatrice fait preuve d'une certaine créativité. Pour mieux se situer dans l'espace, Charlotte tend des fils d'un bout à l'autre de la pièce, tissant progressivement une gigantesque toile d'araignée qui finira par lui révéler la vérité. C'est comme si, brusquement, la maison prenait vie. Et, même si leur exécution laisse à désirer, les scènes où la maison semble se rebeller (au détour d'une tempête ou d'un orage) sont plutôt impressionnantes. Dommage qu'Alanté Kavaïté n'ait pas su relever le niveau de sa mise en scène et n'ait pas fait un effort supplémentaire sur le travail du son, si important ici : on aurait alors pardonné le scénario poussif, la forme d'Écoute le temps ayant alors suffisamment d'intérêt pour qu'on se désintéresse un peu du fond.
4/10