L’autre soir j’ai regardé la Palme d’or de 2006, Le vent se lève, non pas en écho au festival de Cannes dont je me moque éperdument, mais parce que vous l’aurez compris si vous me suivez récemment, je suis actuellement plongée dans l’univers de William Trevor, grand auteur irlandais.
En ce moment, je lis Coups du sort :
Et ce qui n’était qu’une toile de fond (les guerres intestines entre anglais et irlandais) dans les précédents romans que j’ai lus, prend ici une place considérable. Je ne comprenais pas qui étaient les Black and Tans, etc…
Alors, j’ai eu recours au film de Ken Loach. Moment éprouvant. Son film a donc remporté un des prix les plus prestigieux pour le cinéma. Je comprends qu’on ait été frappé par ce film, qui pose des questions cruciales : jusqu’où s’engager pour une cause que l’on croit juste, mourir pour des idées pures ou vivre avec des compromis, rester fidèle aux idées ou aux siens… De plus, le film est remarquablement réalisé, sa structure mène les deux frères au déchirement, comme dans les plus poignantes tragédies raciniennes. L’acteur principal, Cillian Murphy est touchant. Un visage d’ange (je comprends l’engouement des midinettes) mis au service d’une idéologie d’acier : le contraste bouleverse.
Cependant. Le film a les défauts de ses qualités : rigoureux, avançant tel un rouleau-compresseur sur le spectateur, il écrase tout libre-arbitre de celui-ci. On est pris au piège de l’émotion, des scènes parfois difficilement soutenables de tortures ou d’exécutions. Le didactisme et le manichéisme de l’ensemble, ceux-là mêmes qui en font une machine imparable, m’ont un peu étouffée. Et du coup, je me suis rebellée, intérieurement, inconsciemment. L’émotion, finalement, n’a pas jailli comme elle était sommée de le faire.
C’est un film puissant, bien joué, qui pose de grandes et belles questions, mais c’est pour moi un film verrouillé, où tout est piloté de manière un peu trop carrée. Et les beaux yeux doux de Damien ne m’ont pas suffi.
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