Ou… la vie rêvée des anges : l’an II du rêve
permanent.
Pour l’occasion, je propose sans prétention de coupler François Hollande et Charles Trenet, car finalement,
si l’on regarde de près, le premier s’est largement inspiré du second dans son action politique.
Certes, le chanteur était un peu à la traîne sur les questions du racisme, alors qu’aujourd’hui, une loi
supprime désormais le mot "race" dans notre corpus législatif (même s’il reste encore le bloc de
constitutionnalité à modifier), si l’on en juge par ce qu’il disait dans l’émission "Dim Dam Dom" en 1970 : « Non,
la nature n’a pas voulu que les gens soient égaux. Les Noirs, ils sont gentils. Les Noirs, je les aime bien, mais ils sont quand même un peu enfants. Ce sont des enfants, il faut les aimer comme
des enfants. Or on les traite comme des grandes personnes : il faut d’abord les éduquer. Il n’y a pas de civilisation : s’il y en avait une, on la connaîtrait ! Il y a des artistes
noirs, mais il y a peu de choses que, jusqu’à présent, les Noirs ont faites. Les Noirs n’ont pas construit Notre-Dame de Paris, n’ont pas construit les Pyramides, n’ont pas construit la tour
Eiffel… ».
Je suis d’ailleurs convaincu que certaines personnes pensent encore la même chose quarante-trois ans
plus tard, malgré Aimé Césaire, malgré Barack Obama, malgré… les pyramides, car tout laisse croire que la Haute Égypte était
peuplée de populations aussi noires qu’au Soudan.
Mais qu’importe, car l’essentiel, c’est que François Hollande avait voulu incarner la force tranquille saison 2, après un quinquennat agité, un peu de
la douceur et de la joie de la France. En somme, des années d’insouciance (enfin, si l’on étudie un peu plus l’historique des chansons de Charles Trenet, il est vrai que l’insouciance était toute
relative !).
Et leur principal point commun, bien sûr, c’est le rêve.
Dès sa désignation le 16 octobre 2011, le candidat victorieux de la primaire socialiste avait en effet voulu
« réenchanter le rêve français », une expression
bien maladroite qu’il avait dû rapidement expliquer dès le 22 octobre 2011, à sa convention d’investiture (très américanisée) à la Halle Freyssinet, pour éviter les procès en utopie ou en
populisme, en se payant le luxe de citer Charles …De Gaulle : « Je dis le rêve français. Et à l’énoncé du mot, j’entends les sarcasmes de la
droite : "On ne fait pas la politique avec du rêve". Surtout avec le bilan qu’elle nous laisse. Et pourtant, me revient une belle phrase d'un ancien Président de
la République, qui avertissait : "Les gens veulent que leur histoire leur ressemble ou au moins qu'elle ressemble à leurs rêves". Eh bien voilà, c'est
Charles De Gaulle qui répond aujourd'hui à la droite. ».
Car Charles Trenet aussi était un fanatique du rêve. D’ailleurs, c’est l’énorme collusion entre les deux
hommes. François Hollande aurait pu faire sienne cette phrase du chanteur : « Chez moi, il y a un rêve permanent. Je ne vois pas les choses
telles qu’elles sont. ». Et en effet, la courbe du chômage qui va se redresser, le Président de la République la voit. Les dépenses publiques qui baissent, idem. La réduction du déficit
à 3%, également.
Mais peut-être que le vrai rêve, c’est l’Élysée. Charles Trenet disait : « Quand on a rêvé sa vie, il faut vivre son rêve. ». Et c’est là que François Hollande peut se permettre de courir en chantant : « Y’a d’la joie ! ». C’est vrai que du coup, il y a un petit air d’autocongratulation qui ne concerne que lui et les siens.
D’ailleurs, Jacques Brel (1929-1978) avouait bien humblement : « Sans lui, nous serions tous des experts-comptables ! ». "Lui", il voulait dire Charles Trenet, bien sûr. Peut-être que c’est justement ce qui
manque le plus à François Hollande, des experts-comptables, pour faire des économies à l’État, pour faire une fiscalité moins pesante pour les ménages, pour conserver une véritable politique
familiale, pour arrêter de supprimer une hausse de TVA et l’augmenter quelques mois après, pour arrêter d’augmenter les impôts des entreprises et les leur redonner ensuite en crédit d’impôts,
etc.
Cette image si française et si joyeuse du pays (histoire de se remonter le moral face au désastre du destin),
Charles Trenet l’a très bien transmise à François Hollande.
On le voit ainsi chanter : « Un fantôme qui chante, on
trouve ça rigolo. Je couche parmi les fleurs des talus ! ».
Consensuel comme il est, il pourrait même vouloir organiser des rencontres au sommet inimaginable :
« Le soleil a rendez-vous avec la lune, mais la lune n’est pas là et le soleil l’attend. ».
Alors, c’est sûr, à l’issue de l’an I, le Président en est encore à sa phase première, tout guilleret
fraîchement élu : « Tout avec lui dit boum ! Et s’il fait boum, s’il se met en colère, il entraîne avec lui des
merveilles ! ».
Mais la vie a ses malheurs, et l’artiste avait averti : « La vie est un rêve, traversée de temps à autre par un cauchemar. On le digère, et le rêve recommence. ».
Ou le cauchemar recommence : récession, augmentation du chômage, hausse des impôts, création de
nouvelles taxe, baisse du pouvoir d’achat, augmentation de la durée des cotisations, malus pour la consommation d’énergie etc.
C’est alors que François Hollande dans sa deuxième phase viendra faire une déclaration d’amour à la
Churchill : « Douce France, cher pays de mon enfance, je t’ai gardée dans mon cœur ! …Oui, je t’aime, dans la joie ou dans la
douleur ! ».
Mais cela ne suffira pas.
Et un jour, au printemps 2017, il s’en ira tristement en ruminant amèrement devant les Français, sans
comprendre : « Que reste-t-ils de nos amours ? Bonheur fané, cheveux au vent, baisers volés, rêves mouvants, que reste-t-il de tout
cela ? Dites-le moi ! …Et dans un nuage, le cher (et coûteux) visage de mes promesses ! »…
Hommage à Charles Trenet, qui aurait eu 100 ans ce samedi...
Et qui, grâce à ses belles chansons, a su faire rêver la France bien au-delà de ses frontières (même Google participe
à la célébration !).
Aussi sur le
blog.
Sylvain Rakotoarison (18 mai
2013)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Tout va bien Madame la Marquise.
Y’a de la joie !
Les Shadoks s’y mettent.
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/douce-france-quand-francois-imite-135999