De l'Autre côté du Périph (David Charhon, 2012)

La femme du premier patron de France est retrouvée morte en banlieue. Le capitaine Monge, un flic parisien voué à une brillante carrière, est chargé de l'enquête, il devra collaborer avec Ousmane Diakité, simple bon flic à Bobigny, obsédé par les affaires qui mouillent les hautes personnalités... Dans l'esprit comme dans le style, ces deux flics que tout sépare devront pourtant collaborer sur cette enquête...
L'un est blanc, bourge, coincé et parisien, l'autre est black, cool et banlieusard... L'originalité est donc persona non grata dans De L'autre Côté du Périph : c'est une à variation sur le thème du duo de flic, façon L'Arme Fatale, que ce vient donc se coller le ressort humoristique de l'humour autour de la différence. L'autre Côté du Periph construit une enquête qui va rapprocher le parisien et le banlieusard, et passer ses messages de la connaissance de l'autre et du vivre ensemble... Ouch ! A coté du nouveau ch'ti black préféré des Français apparaît le décidément excellent Laurent Laffite : est-ce la seule chose qui se déroule de l'autre côté du périh ?
A cette dernière question la réponse est unanime à la rédaction : "oui". Rien ne se passe de l'autre ôté du périph, quel que soit le côté que l'on observe. David Carhon élabore une comédie policière pataude à coup d'oppositions usées et stéréotypées : blanc-black, parisien-banlieusard, riche-pauvre, coincé-cool, old-school/nouvelle école, etc... Ce n'est pas tant le choix de ces ressorts comiques habituels et classiques qui pose problème, que leur accumulation sans aucune originalité et qui plus est noyée dans un scénario laborieux digne des plus grands cerveaux d'un TF1. De l'Autre Côté du Périph aligne mollement et maladroitement les déjà-vu pour n'accoucher que d'une comédie qui peine à faire rire et bien peu dynamique.
Seul rayon de soleil : un Laurent Lafitte délicieusement décalé qui n'a visiblement pas peur de viser la reconnaissance du public à travers une comédie populaire qui rêve de rencontrer un succès à la Bienvenue Chez les Ch'tis ou Intouchables. A côté d'un Omar Sy qui peine à construire de manière crédible un vrai personnage (bien plus "sympa" que bon acteur quand même notre Omar national...) Laurent Lafitte semble mériter un oscar. Quelques répliques bien écrites sortiront bien de la bouche des deux comédiens, mais c'est incontestablement Laurent Lafitte qui tire son épingle du jeu dans cette plate comédie en y apportant quelques nuances bienvenues.
On aurait presque pu s'abandonner à De l'Autre Côté du Périph, juste pour le moment de détente facile, mais la volonté qu'il affiche de faire passer des messages le plombe totalement. Chacune des différences sur lesquelles il s'appuie pour tenter de faire rire devient prétexte à une leçon sur le vivre ensemble, aimer l'autre et apprendre à le découvrir... Si ses messages sont adaptés à par un enfant de CP, les adultes risque fort de s'irriter de leur courte vision et de leur naïveté. Le parisien snobinard découvrira que la banlieue à une âme et les riches sont des pourris (quoi que sur ce point... mais bon...) : le politiquement correcte à la mode et la recherche éhontée de l'adhésion du public sont en fait les seuls guides, les seuls moteurs en action dans De l'Autre Côté du Périph. A la limite du consternant...
Laborieux, peu drôle, caricatural et moyennement bien fagoté, De l'Autre Côté du Périph écoeure régulièrement et irrite rapidement. Un Laurent Lafitte seul ne peut pas peupler à lui tout seul un tel océan de médiocrité, il faudra donc beaucoup de fatigue pour ne pas être bousculé par les allures peu fines, voire pachydermiques, du projet. Triste comédie avec un Laurent Laffite de la Comédie Française face à Omar Sy de comédies françaises... : tout est dit, il y a bien une différence fondamentale entre ces deux personnages, mais nous n'arrivons pas aux mêmes conclusions que De l'Autre Côté du Périph ! On est trop coincés, trop cons, sans doute... ou pas assez... ;-)

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