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Les nouilles froides sont une spécialité culinaire de la Corée du Nord. Quand on en trouve. Le jour où cela se produit enfin, Jean-Luc Coatelem reste… perplexe. Comme devant tout ce qu’il a vu, d’ailleurs. Le voyage dans ce pays très fermé (le dire n’est rien) est réduit à un programme suivi avec rigueur par un guide lui-même surveillé par un autre guide, le chauffeur étant peut-être le surveillant des deux… Il a fallu, d’abord, se faire passer pour quelqu’un d’autre : un agent en charge d’une hypothétique clientèle touristique, explorant les « charmes » d’un pays où tout ce qu’il y aurait à voir est caché, où tout ce qui est caché pourrait être intéressant – mais on n’en saura rien, sinon à l’occasion d’une autre déception : la visite au pas de charge d’un musée qui n’était pas au programme et dont les collections se limitent à des portraits de la dynastie au pouvoir depuis 1945. Ces portraits sont partout. Partout où le Leader Maximo local, un des trois Kim, a mis le pied, le lieu est devenu objet de vénération, des albums photos rappellent la visite historique. On ne s’étonnera pas de constater qu’elle a eu lieu partout. L’an dernier, le Belge Charly Delwart avait publié Citoyen Park, un étonnant roman décrivant un pays imaginaire mais très semblable à la Corée du Nord. Jean-Luc Coatalem le rejoint quand il se trouve face à la réalité : « la propagande avait fait plier ce peuple sorti d’une boîte grand format de Lego. Au point de plonger la RPDC dans une fiction vraie. Fiction dont les héritiers continuent, aujourd’hui, à rédiger les chapitres. » Le voyageur, accompagné d’un ami qui n’avait à peu près jamais quitté la France et s’était d’un coup décidé à visiter un pays lointain à tous points de vue, s’étonne autant de la pauvreté du pays que de la pauvreté de ce qu’il propose aux touristes. A la longue, il se fatigue de s’étonner. Il doit faire des courbettes devant une statue ou une momie, déposer des fleurs, se contenter de portions minuscules aux repas, dormir dans des hôtels qui semblent avoir été ouverts seulement pour son compagnon et lui. Mais il refuse de plonger dans un bain de boue froide, malgré les bienfaits promis. Et n’en pense pas moins…
Le tourisme a ses limites, clairement dessinées dans Nouilles froides à Pyongyang. Heureusement, Jean-Luc Coatalem est aussi capable de s’inventer d’autres mondes, comme il l’avait fait dans Le gouverneur d’Antipodia, paru l’an dernier et réédité en poche.