Sur les 20 dernières saisons la NBA n'a récompensé que deux fois du titre de meilleur défenseur, un joueur qui n'était pas intérieur. Gary Payton en 1995/96 et Ron Artest en 2003/04. On connaît le penchant de la ligue nord-américaine de basket pour le showtime, ce n'est donc pas étonnant de la voir féliciter Dwight Howard, Alonzo Mourning, Ben Wallace et compagnie, pour leurs contres et l'intimidation générée autour de leurs gabarits.
Cela-dit, les intérieurs ne récupéreraient pas autant de rebonds, et ne distribueraient pas autant de contres si leurs extérieurs ne faisaient pas leur job défensif. La défense est art collectif, on défend en équipe de la première à la dernière seconde.
La NBA ne récompense pas suffisamment ces joueurs qui passent leur temps sur le terrain à couper les lignes de passes, contester les déplacements, gêner les shoots des superscoreurs. Avec tous le respects que l'on peut avoir aux Big Men, défendre sur Kevin Durant un soir puis Dwyane Wade le lendemain est une autre paire de manches que de défendre sur Kendrick Perkins et Joel Anthony. Il ne s'agit pas de discréditer les performances défensives d'Hakeem Olajuwon à Marc Gasol en passant par Mourning et Dikembe Mutombo, mais juste de rappeler qu'il existe des chiens de garde à l'extérieur de la raquette.
Voici notre classement des joueurs snobés :
- Tony Allen
L'arrière de Grizzlies est typiquement le défenseur qui vous pourrit un match. Toujours dans les pattes, bras agités et jambes fléchies, il peut rapidement faire tourner votre soirée au cauchemar. Malgré sa petite taille (1m95), son agilité, sa détente, et sa dureté lui permettent d'éteindre parfois des ailiers beaucoup plus grands et physiques que lui à l'image de Kevin Durant. Depuis 2007, Tony Allen autorise 96,3 points sur 100 possessions, cela signifie donc que sur 100 phases d'attaque, ses vis-à-vis inscrivent en moyenne 96,3 points sur 200 à 300 possibles. Pour donner un ordre de comparaison, sur la même période cette statistique appelée defensive rating, est de 99 pour Dwight Howard. L'un des meilleurs stoppeurs en périphérie ces 20 dernières années.
- Rajon Rondo
Le meneur des Celtics a la mentalité défensive inculquée par Doc Rivers et des qualités physiques qui lui permettent de chiper plein de ballons. Son allonge est un véritable calvaire pour ses vis-à-vis qui ne peuvent plus distribuer le jeu à leur guise et peine à scorer proprement. Lors de la saison 2011-2012, Rajon Rondo a fait mal, très mal à ses adversaires.
Tony Parker : 10 points (5/14), 2 passes et 2 pertes de balles.
Chris Paul : 14 points (3/12), 5 passes et 4 pertes de balles.
Deron Williams : 12 points (4/9), 8 passes et 4 pertes de balles.
Mike Conley : 4 points (2/8), 4 passes et 3 pertes de balles.
Derrick Rose : 25 points (9/23 dont 6 tirs à trois points pris), 7 passes et 3 pertes de balles.
En réduisant les productions de ces meneurs all-stars, ce sont toutes leurs équipes que Rajon Rondo met en péril.
- Bruce Bowen
L'homme qui se contentait de défendre et d'inscrire des trois points dans les corners…Pendant toutes ses années passées à San Antonio, Bruce Bowen marquait à la culotte les meilleurs scoreurs au cours de démonstrations techniques. Contester le démarquage, couper les lignes de passes, présent dans les appuis, mains actives, un peu de flopping et de jeu dirty, l'ailier des Spurs est la définition même du défenseur que l'on aime détester. En 2006-2007 son défensive rating était de 93,9 points encaissés sur 100 possessions. Ses victimes, Dwyane Wade (6/18 au tir et 5 pertes de balles), Lebron James (7/17 au tir), Joe Johnson (8/21 au tir et 9 pertes de balle) et bien d'autres encore.
La liste est encore longue, les Sacramento Kings de la belle époque n'auraient pas connu un tel succès sans Doug Christie. Pendant ces années ultra-offensives, il verrouillait le périmètre chaque nuit, c'était son job, ses coéquipiers savaient qu'ils pouvaient enflammer l'attaque car Christie assurait leurs arrières en défense. Lorsqu'on parle de Manu Ginobili on vente ses capacités de scoreur et créateur en sortie de banc, mais Gregg Popovich s'est avant tout servi de l'Argentin comme un joueur capable de maintenir une grosse pression défensive quand les Bowen, Parker, Stephen Jackson et autres avaient besoin de souffler un peu.
- Pour les fans old school
Personne ne voulait être défendu par Fat Lever. Arrière d'1m92, il prenait des rebonds comme un gars de 2m08 (8 de moyennes pendant 4 saisons), ses longs bras lui permettaient d'intercepter 3 ballons par match; avec son physique et son jeu bien construit il incarnait un véritable cauchemar pour les lignes arrières. On a rarement vu Magic Johnson avoir autant de mal que face à Fat Lever. Auprès de Sydney Moncrief, qui a remporté les deux premiers titres de meilleur défenseur, Paul Pressey éteignaient les attaquants adverses. Eh oui, c'est dur à croire, mais Don Neslon avait l'une des meilleurs défenses de la Ligue lorsqu'il coachait Milwaukee. Paul Pressey pouvait stopper n'importe quelle transition ou contre-attaque grâce à ses déplacements latéraux extrêmement rapides et une dureté au corps. Il ne faut pas non plus oublier Nate McMillan, qui en 6e homme avec 25 minutes de temps de jeu par match, rendait la vie dur aux meneurs de l'équipe d'en face. Tournant à 3 interceptions par match en 1993-94, on l'a vu pourrir les jeux de John Stockton et John Starks cette saison là.