Hollande : le soldat de l'an II

Publié le 17 mai 2013 par Copeau @Contrepoints

Une conférence de presse pour rien : si le discours se veut plus offensif, François Hollande conserve la même ligne politique qui échoue depuis un an.

Par le Parisien libéral.
Le soldat de l'an II, c'est le titre super guerrier que Libération a choisi pour qualifier ce qu'ils perçoivent de François Hollande. Il se voulait sans doute à la fois drôle et emphatique. Il est on ne peut plus approprié.

La conférence de presse de Hollande ? C'était deux heures pour ne rien dire. Le président de la République française avait prévu les choses en grand, comme quand on joue à domicile : 2 500 et quelques journalistes, salle des fête de l’Élysée et piètres blagues. Certes, il n'avait pas oublié d'arriver en retard, et il n'avait toujours pas ajusté sa cravate. Mais pour le reste, Hollande a fait preuve d'une autosatisfaction étonnante. Plus que le soldat de l'an II, Libération aurait dû titrer le général de l'armée des Indes.

Comme le note la journaliste du Monde, Françoise Fressoz, le feu couve : la France est entrée en récession, le président de la République a perdu la confiance d’une grande partie de son peuple. Il a intérêt à réagir vite s’il ne veut pas être catalogué comme le président qui aura sous estimé la crise. Il se devait donc de parler, surtout après sa journée à Bruxelles avant hier.

Hollande a fait le constat suivant : pendant l'An I de son quinquennat, il s'est penché sur les points suivants :

  • défense de notre souveraineté,
  • remise en ordre de notre économie,
  • sauvegarde de notre modèle social,
  • réparation des injustices.

Nous ne pouvons qu'exprimer notre étonnement. Déjà, que veut dire "réparer les injustices" ? Ensuite, grâce au célèbre CEstLaFauteASarko, Hollande s'est attaché à nuancer chacun de ses propos. Du coup, Hollande est passé aux propositions. Citons en quelques-unes :

  • ordonnances pour accélérer les processus législatif,
  • habilitations sur la simplification administrative,
  • plan public d'investissement portant sur les transports, le numérique, la santé et la transition écologique,
  • extension du programme d'emplois d'avenir au secteur privé,
  • propositions de gouvernement économique Européen.

Tout est dit. Le logiciel de Hollande n'a pas changé. Le Président de la République ne raisonne qu'à travers le prisme de l'action publique ultra-interventionniste et de l'ultra-socialisme. Qu'est-ce que c'est que ces propositions ? En dépit de leur caractère saugrenu, notons qu'elles ont quand même un avantage : le moment venu, Hollande pourra expliquer ses échecs par le fait que d'autres ont bloqué ses réformes. C'est malin !

La proposition la plus comique est certainement celle d'un gouvernement économique européen. Déjà, rappelons que nos principaux partenaires sont gouvernés par des gouvernements libéraux démocrates (Mark Rutte au Pays-Bas, Donald Tusk en Pologne) ou conservateurs, en coalition avec des libéraux (Angela Merkel en Allemagne, David Cameron au Royaume Uni) ou pas (Mariano Rajoy en Espagne, Enrico Letta en Italie). Avec qui Hollande compte t-il discuter ? Le maire de Tulle, que l'on n'entend jamais parler autre chose que la langue du socialisme, en français de préférence, se montre incapable de faire respecter les critères de Maastricht, mais il voudrait une étape fédérale de plus en Europe ?

Va t-il suggérer à son ministre des affaires étranges étrangères, Laurent Fabius, de démissionner, pour que Lady Catherine Ashton supervise notre politique étrangère, comme cela devrait être le cas dans un vrai État fédéral ?

Non. Hollande est un malin. Comme il voit que ses plans de reprise de l'économie tombent à l'eau, il sort un va-tout de sa manche en relançant cette vieille idée d'Europe française. Mais Hollande n'est pas De Gaulle. Il est juste un type qui ne fout rien (source : Martine Aubry) et quelqu'un qui ne prend jamais de décisions (source : Marie-Ségolène Royal).

Parfait pour diriger Tulle, déjà un peu moins pour superviser le Parti Socialiste, et encore moins pour un pays. Pendant que François Hollande fronce le sourcil pour montrer à ses compatriotes qui est le chef, Sylvie Andrieux, la députée marseillaise mise en examen pour possible détournements de fonds publics, continue à siéger à l'Assemblée Nationale, et Gérard Dalongeville attend que l'ex premier secrétaire du PS vienne témoigner dans le Pas de Calais. Pendant que Moi-Président de la République entonne des discours martiaux, la guerre civile se poursuit au Mali et des soldats français restent en Afghanistan. Pendant que l'hôte de l’Élysée parle de moralisation, il ne revient pas sur l'absence de transparence de son patrimoine. Rappelons :

  • soit on considère que Mme Trierweiler n'est ni pacsée ni mariée, et à ce moment-là il y a détournement de fonds publics pour son usage personnel (logement, nourriture, entretien, déplacements, six experts à l’Élysée chargés de sa communication...)
  • soit on considère qu'il y a concubinage notoire et à ce moment-là il y a fausse déclaration de patrimoine (largement au-dessus des sommes déclarées et assujetti à l'ISF), ce qui annule l'élection et rend M. Hollande inéligible.

Une plainte a été déposée par un vrai soldat kamikaze, le soldat Xavier Kemlin, elle suit son cours.

Hollande n'est pas un révolutionnaire. C'est le gérant d'un syndicat de faillite, qui profite du chaos pour s'en mettre un peu plus plein les poches, lui et ses amis. L'ultra étatisme et l'ultra socialisme, pratiqués par l'UMP et par le PS en France depuis les années Mitterrand, depuis qu'aucun budget public n'a été voté en équilibre, ont mis l'entreprise France dans le rouge. Tant que le pouvoir politique ne s'attaquera pas au périmètre de l’État, toutes les sorties se feront sur un air de pipeau. Nous ne sommes pas en 1792, nous sommes en 1788. Hollande n'écoute pas vraiment les entrepreneurs (lire Sophie de Menthon sur Atlantico). Au lieu d’annoncer des coupes budgétaires, il ménage la chèvre et le chou (lire Marc Crapez sur Contrepoints). En fait, bien qu'il ait admis qu'il y ait une sévère récession, il joue encore à cache-cache avec la réalité (lire Dominique de Montvallon sur L'Opinion).

Les révoltes urbaines, l'explosion du prix des biens alimentaires, les conflits localisés (Notre-Dame des Landes, la Manif pour Tous), le maintien du chômage à un niveau élevé, les marchés financiers et la pression de nos partenaires Européens nous promettent un très dur retour à la réalité.

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