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Le musée des Arts décoratifs à Paris a donné carte blanche à Ronan et Erwan Bouroullec, designers quadras français prolifiques qui ont investi l’immense nef du bâtiment situé dans le palais du Louvre, où ils présentent jusqu’au 1er septembre 15 ans de leur création.
Conçue comme une gigantesque installation alliant le spectaculaire et l’intime, cette rétrospective couvre sur 1000 m2 et en plusieurs centaines d’objets, de dessins, de photos et de vidéos, l’ensemble de leur carrière, de l’objet à usage domestique au mobilier pour l’espace public, de la série limitée à la conception industrielle.
Sont exposés aussi bien des lampes que des fauteuils ou des tables, des tapis, du mobilier de bureau ou de salle de bain, ainsi que des revêtements muraux composés de modules ludiques et poétiques assemblés, associant des matériaux simples très travaillés et une géométrie adoucie par des courbes singulières.
Le parcours débute sous la nef du musée, tendue d’une voûte textile de 12 mètres de hauteur. Un paysage monumental et étrange, à mi-chemin entre fonds marins et forêt, structure l’espace grâce à des cloisons murales ajourées ou opaques en polymères, feutre ou polystyrène imitant des algues, des tuiles, des nuages ou des alvéoles.
Des podiums en carrelage Pico édités par Mutina, abritent certaines pièces de mobilier comme des lampes minimalistes à la conception pourtant très sophistiquées.
Les visiteurs peuvent s’étendre sur le Textile Field, un vaste revêtement de sol incliné comme un dossier, en mousse verte, bleue, grise et blanche, créé en 2011 pour la salle des cartons Raphaël du Victoria et Albert Museum de Londres.
L’exposition continue côté jardin des Tuileries, dans une longue pièce dédiée à l’univers du travail. Plusieurs de leurs bureaux conçus pour des open spaces alliant isolation sonores et communication de proximité sont présentés (Joyn pour l’éditeur Vitra), ainsi que du mobilier réalisé pour la nouvelle université de Copenhague.
Bretagne et Japon
Le visiteur y découvre aussi leurs chaises végétales, imitant des branches entrelacées, et une série de 300 dessins tirés des nombreux carnets qu’ils affectionnent pour dessiner les objets nés de leur imagination, selon Dominique Forest, commissaire de l’exposition.
Une troisième partie, parallèle aux deux premières, rassemble les créations liées à l’espace domestique et intime: la chambre, la salle de bain, le salon, les étagères et la vaisselle, l’éclairage. Maquettes et photos expliquent le processus de création.
En 15 ans, Ronan et Erwan Bouroullec, âgés de 37 et 42 ans, ont développé une oeuvre prolifique dans un style simple cherchant sans cesse à s’adapter aux nouveaux modes de vie.
L’une de leurs premières pièces, le lit clos, mélange de Bretagne et de Japon, a été imaginée en 2000 pour des personnes vivant dans une seule pièce. Créée en 2007, l’alcôve sofa (Vitra) qui tient autant du canapé que de la cloison, a été commandée en nombre pour les commissariats suisses dans une version agrandie et dotée d’une table afin de créer des espaces intimes pour recueillir les dépositions, selon Mme Forest.
Ronan Bouroullec, ancien élève de l’école nationale des Arts décoratifs, a débuté seul en 1997. Il a été rejoint par son frère Erwan, formé à l’école nationale supérieure de Paris-Cergy, en 1999. Leur premier éditeur, Capellini, leur a permis de rentrer rapidement dans un processus industriel. Ont suivi plusieurs collaborations avec Vitra, Kartell, Ligne Roset. En 2000, leur collaboration avec la galerie Kreo est devenue un espace de recherche. Le duo se consacre aussi à des aménagements intérieurs. Ses créations sont présentes dans plusieurs musées dont le Centre Pompidou, le MoMa de New York, l’Art Institute de Chicago, le Design Museum de Londres ou le musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam.