On peut, me semble-t-il, arroser notre jardin de quatre façons: ou bien en tirant l'eau d'un puits, ce qui se fait à grand-peine; ou bien au moyen d'une noria et de godets et en se servant d'une manivelle, comme je l'ai fait quelque fois, ce qui donne moins de fatigue et amène plus d'eau; ou bien d'une rivière ou d'un ruisseau, ce qui arrose bien mieux, car la terre est bien plus gorgée d'eau, on n'a pas besoin d'arroser si souvent et le jardinier a beaucoup moins de travail; ou bien, s'il pleut beaucoup, c'est le Seigneur qui arrose alors le jardin sans aucun effort de notre part, et c'est, sans comparaison, bien mieux que tout ce qui vient d'être dit.
Thérèse d'Avila, Livre de la vie, dans: Thérèse d'Avila et Jean de la Croix, Oeuvres (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 2013)
traduit de l'espagnol par Jean Canavaggio
image: Les Saules, Cologny / Suisse (2013)