Christian Mungiu, juré cette année au Festival de Cannes, remportait en 2007 la Palme d'Or avec 4 mois, 3 semaines, 2 jours, présenté alors en compétition officielle. S'inscrivant dans le retour en force du cinéma roumain, aux côtés notamment de 12:08 à l'est de Bucarest (Corneliu Porumboiu, 2006) et du troublant Policier, Adjectif du même Porumboiu (2009), le long-métrage de Mungiu se déroule en 1987, en pleine dictature roumaine, peu de temps avant la chute de Ceausescu, et suit les déboires d'une jeune femme souhaitant se faire avorter, avec l'aide de sa meilleure amie. L'avortement, alors illégal et puni de prison, se déroulait en cette période de façon totalement clandestine.
Le film, se déroulant quasiment en temps réel, suit au plus près ses deux personnages principaux dans leur volonté d'aller au bout de leur projet, quitte à y laisser des larmes, du sang et de la honte. L'avortement, loin d'être le sujet du film, s'inscrit avant tout comme un véritable acte de rébellion et de résistance face à la dictature qui entrave les deux jeunes femmes.
Doté de scènes poignantes (le parcours du combattant des héroïnes pour arriver à leurs fins est proprement bouleversant), et d'un plan véritablement marquant dans laquelle l'une d'entre elles fait face au foetus expulsé, témoignant de l'indicible cruauté que faisait alors subir la dictature à ces femmes désirant se faire avorter, le film de Mungiu s'inscrit comme un témoignage absolument indispensable de cette époque pas si éloignée de nous, dans laquelle les êtres se débattaient pour conserver leur individualité et leur liberté.
Et le regard caméra final de nous achever net.