Dado (Bayani Agbayani) et Manuel (Epy Quezon) ont quitté les Philippines avec leur ami Carros (Nor Domingo). Ils débarquent à Taipei pour travailler dans une usine. Ils vivent dans un dortoir. Alors que Carros a des ennuis avec les autorités, Dado, père de famille dévoué a une maîtresse, Anna (Meryll Soriano). Cette dernière est une domestique qui s’occupe d’une personne âgée. Cette relation le met mal à l’aise. Quant à Manuel qui s’imagine être un homme à femme, il se prend une déconvenue avec Celia (Alessandra De Rossi), une jeune femme dont il est tombé amoureux mais dont les sentiments ne sont pas réciproques. Les deux comparses se trouvent alors esseulés. Ils ne tardent pas à mettre la main sur un canapé flambant neuf, abandonné sur un trottoir par un jeune couple. Ils décident de le ramener sur le toit de leur dortoir et ainsi avoir le luxe d’être confortablement installés pour boire des bières fraiches à l’air frais. Très vite, le chemin qui les ramène chez eux va s’avérer plein d’embuches…
Pinoy Sunday est une comédie légère traitée de façon réaliste par son auteur bien que des touches oniriques viennent à s’inviter. Il offre un propos à caractère social en prenant comme personnages principaux des travailleurs immigrés. Il les place dans un contexte qui révèle les difficultés qu’ils ont au quotidien mais sans jamais offrir un tableau sombre de la situation. On y parle de la xénophobie mais aussi de la solitude, de la pauvreté ainsi que de l’aliénation. Ils vivent reclus dans un dortoir avec couvre-feu. Ne pas respecter les règles du dortoir peuvent les mener à perdre leurs emplois et être du même coup expulsés de Taïwan. Une expérience amère à laquelle nos protagonistes assisteront. En plus de capter ces caractéristiques humaines, Wi Ding Ho saisit à merveille le pouls d’une ville qui bouillonne de vie. Il met en scène de façon simple et sans fioriture (techniquement, en total opposition avec ce qu’il nous avait montré dans ses travaux courts) un road movie qui prête le plus souvent à sourire, bien qu’il se joue en filigrane une tension dramatique traitée tout en finesse.