Ils auraient dû me dire combien j’étais jolie

Publié le 16 mai 2013 par Pimprenelle2

Alors que je tentais de me glisser dans mon slim, qui n’avait jamais aussi mal son nom me contorsionnais à en faire péter l’elastanne, ventre rentré, fesse serrée, le première qui bouge je le mets à l’amende, j’entendais dans la cabine d’essayage voisine retentir une voix juvénile et aigüe. Tu ne trouves pas que cela me fait de grosses cuisses. Aïe aïe que c’est serré (ça rassure). Et t’as vu le taille de mes bras, et mes fesses et mon ventre. Coincée dans mon espace confiné, au bord de l’asphyxie, déterminée à gagner le combat, ne sachant pas très bien qui de moi ou du pantalon allait le premier allait craquer, une furieuse envie d’hurler, mets au régime bouffie, si tu continues tu vas devenir comme moi. Bon d’accord, je le reconnais, j’étais injuste, mais parfois reconnaissez, cela soulage et fait du bien. Et puis enfin suis sortie gagnante vivante et pas peu fière et j’ai découvert ma voisine ravissante dont les rondeurs devaient bien remplir un 36.

Et je me suis souvenue de moi, moi au même âge, moi avec mes kilos de complexes, moi et ma frange qui dissimulait mon visage,et mon nez que je jugeais disproportionné, moi et mes pulls trop longs cachant mes fesses trop rebondies qui faisaient se retourner les garçons, siffler les hommes, moi et mes bras ballants, mes mains dont je ne savais que faire et où poser, moi avec ce corps à la féminité si encombrante. Moi qui me pensais l’aide et qui me suis découverte ravissante bien plus tard, bien trop tard, au hasard d’un album photos oublié. Moi qui ai regretté que nul n’ai su s’y arrêter, et me le dire, me dire de profiter de cette beauté à peine éclose, de cette fraîcheur si éphémère, de cette légère qui ne tarderait pas à s’envoler. Et profiter de la vie, ne pas attendre qu’il soit tard, mais jamais trop, car il n’est jamais trop tard, pour apprendre que dans la vie il est des joies et des bonheurs, des souffrances et des douleurs, mais qu’à l’échelle de l’univers cela n’a aucune importance, et que donc finalement la vie n’est pas sérieuse et que rien n’est grave.


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