Comme je vous annonce dans nos Actus l’arrivée du second tome de Fatale d’Ed Brubaker et Sean Phillips, j’en profite tout d’abord pour vous donner mon avis sur le T1 paru en 2012.
Après Sleeper (Panini Comics) Criminal et Incognito (Delcourt), Ed Brubaker et Sean Phillips nous proposaient un nouveau titre, en octobre 2012, intitulé Fatale. Cette fois pour un polar sérieusement imbibé de fantastique, marqué par la malédiction d’une très jolie femme qui va faire tomber plus d’un homme dans les pièges mortels de sa fuite en avant. Tu es trop belle Jo et tu leur fais faire n’importe quoi !
Scénario Ed Brubaker, dessin de Sean Phillips, couleurs de Dave Stewart Public conseillé : Adultes, adolescents
Style : Polar Fantastique, Paru chez Delcourt, le 12 octobre 2012 Share
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Delcourt aime Ed Brubaker et Sean Phillips.
Delcourt a en effet ouvert en grand les portes de sa collection Contrebande aux deux brettistes du polar urbain américain. Tout d’abord avec les 6 rendez-vous de “Criminal”, ce polar bien glauque dont on renifle avec délectation les odeurs fortes et chaudes de la ville et qui est, à mon sens, un vrai morceau de choix. Si vous n’avez pas encore osé franchir le pas, vous loupez une grande série. Je les garde précieusement dans ma Biblio noire de référence.
Dans cette même collection de comics, vous dénicherez aussi les deux tomes de l’étonnant « Incognito », sur un ton différent, cynique et moins classique et, comme Delcourt a de la suite dans les idées, suiti “Fatale”, la nouvelle série à succès pour le duo américain.
Fantastique et hommage à Hitchcock
Ce premier tome s’intitule “La Mort aux Trousses” et s’amuse à rendre un hommage appuyé à une scènes mythique du cinéma d’Hitchcock dans sa première scène d’action. Il met en scène une séduisante jeune femme, Jo, dont les charmes aussi indéniables que dangereusement mortels vont bouleverser brutalement la vie du reporter Nicolas Lash . Un enterrement, celui de son parrain et écrivain de polars Dominic Raines, une journée maussade sous une froide pluie battante et, soudain, l’éclaircie avec l’apparition de cette lumineuse jeune femme. En fait, au début d’une enquête sur l’écrivain défunt, Lash bascule dans une autre réalité, violente et irrationnelle. On fricotte encore avec les ambiances malsaines du polar, fortement exhaussées cette fois par un thème fantastique, celui du monstrueux démon immortel qui court après tes fesses. La thématique n’a rien de neuf, mais comme toujours, Brubaker nous entraîne derrière des personnages façonnés par les cauchemars de l’Amérique, beaucoup sont formidablement mauvais et cruels, d’autres faibles et manipulables quand quelques-uns sont en quête de rédemption. L’esprit du mal rôde dans les rues crasseuses de la ville, flics verreux et sectes sataniques s’agitent autour d’une femme belle à tomber qui fait basculer la vie des hommes qu’elle rencontre… et utilise. L’histoire est racontée sur deux époques, connaissant toutes les deux une Jo toujours aussi jeune et jolie, preuve que le temps n’a pas d’effet sur elle.
Un trio d’auteurs à l’unisson pour un très bel et bon album
Tandis qu’Ed Brubaker traine la rue entre drogue, alcool et autres commerces innommables, Sean Phillips installe un dessin fiévreux et nerveux pour marquer des personnages enferrés dans un cauchemar qui rendrait plus d’un paranoïaque suicidaire. Les couleurs sombres, crades et viscérales (prenez le mot au pied de la lettre) de Dave « Hellboy » Stewart nous immergent totalement dans ces ambiances étouffantes .
Pour résumer
Croyez moi, ce polar, vaut le coup d’un détour chez son libraire favori pour un comic bien noir qui se lit la nuit au fond de son lit, sans aucun espoir de sortir indemne du cauchemar. L’histoire se déroule entre passé et présent, complexe et habilement tordue par Ed Brubaker. A découvrir donc si ce n’est fait, l’album est superbe, c’est un très beau travail d’éditeur qui s’achève sur une galerie de couvertures de Sean Phillips. Miam !
Pour les fans de la première heure, les retrouvailles se feront avec ce lien vers Fatale T2 et T3.
(Illustrations © Ed Brubaker, Sean Phillips et éditions Delcourt – 2012)