16 mai 2013
Il y a plusieurs années, un concept économique était très à la mode, celui de création de Valeur. C’est Michael Porter (Harvard) qui dans les années 80 a imaginé le concept ; il a décomposé l’activité de toute organisation en un certain nombre de sous-activités. L’Entreprise se doit d’optimiser l’utilisation de ses moyens humains et financiers afin de maximiser la Valeur ajoutée qu’elle crée.
L’idée peut être étendue à toute activité. Un hôpital ou un médecin sauvegarde le potentiel de création de Valeur qui existe dans les personnes qui sont soignées. Une Municipalité crée de la Valeur en facilitant par exemple l’installation d’entreprises ou en créant une crèche qui permettra à des parents de créer de la Valeur en travaillant à l’extérieur tout en construisant un potentiel de Valeur au travers de leurs enfants mis à la crèche.
Il serait possible de multiplier à l’infini les exemples. Et nous aussi, chaque jour, nous pouvons créer de la valeur : en optimisant notre consommation et donc notre pouvoir d’achat, en recyclant des objets qui seraient partis à la décharge, en faisant la chasse aux dépenses inutiles de toutes sortes, en entretenant notre corps afin de retarder les maladies régressives (en arrêtant de fumer, par exemple), en découvrant de nouvelles façons agréables d’occuper son temps au service des autres...
Le concept peut naturellement être transposé au niveau des Finances de l’Etat : les ressources financières sont-elles utilisées avec l’efficacité optimale, certaines aides ne tombent-elles pas dans un puits sans fond et ne servent-elles pas en réalité à alimenter des effets d’aubaines, des dispositifs sociaux ne représentent-ils pas des « pièges » à chômage, ne pourrait-on supprimer un certain nombre d’échelons intermédiaires de l’Administration pour économiser les frais de fonctionnement ?
Chaque fois qu’une ressource financière est dépensée sans résultat positif, il y a destruction de valeur. C’est ça, la récession : le produit de l’ensemble des acteurs de notre pays est en recul, tout le monde souffre. Pour redresser les comptes publics, l’Etat augmente les prélèvements. Le choc en retour est immédiat : la consommation recule, chaque individu supprime des dépenses dont il estime pouvoir se passer : il diffère son changement de véhicule, il change de supermarché pour aller désormais vers un hard-discounter, ne part plus en vacances mais met de côté car il craint de perdre son emploi et de ne plus faire face au remboursement de son pavillon. L’entrepreneur prend ses dispositions pour se passer de ses intérimaires, puis il ne renouvelle pas les CDD, il voit son carnet de commandes rétrécir … Le processus de récession est cumulatif, il s’autoalimente par la peur de manquer.
On nous dit que le pouvoir d’achat des ménages a régressé de 0,9% en 2012. Je ne suis pas du tout étonnée. J’ai moi-même supprimé ou différé un certain nombre de dépenses, dans la crainte de ne pas pouvoir faire face à l’augmentation de la pression fiscale. Je me suis constituée une pelote. Et pourtant je dispose d’un revenu confortable et assuré : ma pension ! Enfin, assuré, c’est vite dit ! J’accepte que l’on nous taxe pour participer au redressement financier, mais si nos revenus fixes sont désindexés, au bout de 20 ans … nous restera-t-il de quoi seulement entretenir notre patrimoine ?
En fait, il faut nous persuader que nous sommes entrés collectivement dans une période de purge monstrueuse et que tous, nous devons impérativement changer nos comportements et faire la chasse aux gaspillages. Cela commence à l’école, où les enfants doivent comprendre qu’ils ont le devoir absolu de ne pas gâcher leur temps d’apprentissage. Que les parents et les professeurs doivent faire un effort d’adaptation et d’écoute, accepter d’appliquer des sanctions dissuasives. Tout n’est pas la faute de l’Etat et du Gouvernement, nous sommes tous responsables. Chaque jour, nous payons le prix fort en consacrant le premier budget de la Nation à payer les intérêts de la dette, contractée pour des frais de fonctionnement souvent totalement inopérants. S’il s’était agi d’investissements, encore !
Et ce n’est pas fini. Il faut arrêter de nous raconter des histoires. Les pays émergeants sont beaucoup plus agiles que nous, empêtrés dans nos coûts et nos goûts de luxe, ceux de l’Etat Providence. C'est un choix qu'il nous faut assumer. Durablement, ces pays jeunes sont et seront plus compétitifs. L'économie-monde - comme disait mon vénéré maître Fernand Braudel - se déplace ... vers l'Asie, le Brésil ... Il faut donc faire l’effort d’ajuster nos dépenses à nos capacités d’action une bonne fois pour toutes, même si ça fait mal. Et découvrir de nouvelles technologies créatrices de valeur en profitant de l’avance intellectuelle dont nous disposons encore pour produire des richesses que les autres ne savent pas encore concevoir. Et pour cela, il faut des cerveaux, pas seulement des chercheurs mais des « trouveurs » et qui restent en Europe car c’est à cette échelle que cela se joue.
Notre Président va tenir une conférence de Presse cet après-midi devant 400 journalistes. Va-t-il enfin nous dire la vérité ?