Quatre nouvelles où la première chose que j’apprends, c’est que le nom de code de la rafle du Vél d’Hiv’ était « vent printanier ». Comme le chantait Allain Leprest « tout ce qui est dégueulasse porte un joli nom ». Hubert Haddad raconte quatre vies. La première est celle d’une fillette ayant perdu son chat, et qui, sous la neige, va faire une rencontre bizarre, court-circuitant les époques : une enfant disparaît, un chat apparaît. L’étrange s’immisce dans le quotidien, comme le font les rêves, les cauchemars. Peu avant de lire ce petit livre, j’avais entendu à la radio Marceline Loridan-Ivens, née Rosenberg, qui disait sa difficulté, après ce qu’on appelle « les camps », de prendre un train, et le retour obsédant, permanent, des cauchemars. Il en est ainsi du violoniste de la deuxième nouvelle de ce recueil : l’image de sa mère et de ses sœurs emmenées au Vél d’Hiv’ alors que le hasard l’avait, lui, conduit à chercher du sable pour la caisse du chat… Ce personnage-là rencontre un enfant rom, qui était parti jouer de l’accordéon quand la police, récemment, a délogé sa famille… Une photo, une rencontre, réveillent d’autres souvenirs : des vies entières bousculées, brisées par ces chasses aux lièvres, aux juifs, aux tziganes, ces forêts, ces photos envahissant les murs : n’oubliez pas.