Décidément, la défense de monsieur Guéant ne convainc pas. On savait déjà que les primes en liquide n’existaient plus dans les cabinets ministériels depuis que Lionel Jospin les a supprimées en 2002. Mais une nouvelle étape dans l’absurdité de la défense de l’ancien collaborateur de M. Sarkozy est franchie aujourd’hui par la révélation du Canard enchaîné qui publie une note signée par M. Guéant interdisant que les « frais d’enquête et de surveillance » du ministère de l’Intérieur soient destinés à quelque prime que ce soit. En d’autres termes, M. Guéant affirme avoir bénéficié de primes qu’il aurait lui-même interdites place Beauvau… de peu convaincantes, les explications de M. Guéant deviennent troublantes tellement elles paraissent ubuesques…
Plusieurs questions restent en suspend. Qui a pris la décision de verser ces primes à M. Guéant qui était alors directeur de cabinet de M. Sarkozy ? Le mystère des 500 000 € provenant, d’après M. Guéant, de la vente de deux tableaux reste entier. Qui est ce mystérieux acheteur ? Pourquoi paie-t-il aussi cher au principal collaborateur du Président Sarkozy des tableaux dont tous les experts affirment qu’ils n’ont pas cette valeur sur le marché de l’art ?
Par ses incohérences et sa défense absurde, M. Guéant protégerait-il quelqu’un d’autre ?
Les activités d’avocat de M. Guéant sont tout aussi troublantes. Le Monde daté du 8 mai 2013 révèle le travail de conseil de l’ancien Secrétaire général de l’Elysée au service de certains chefs d’Etat africains.
Il est pour le moins inquiétant qu’un ancien collaborateur du Président Sarkozy puisse opérer dans le conseil privé pour des puissances étrangères alors qu’il a pu détenir des informations d’intérêt d’Etat et classées « secret défense » dans le cadre de ses fonctions de Secrétaire général de l’Elysée. Est-ce normal ? Pourrait-il y avoir des conflits d’intérêt ?
Les activités d’avocat de M. Guéant posent problème. Vend-il aux chefs d’Etat africains de la connaissance ou de l’influence ? Nous sommes en droit de nous poser la question. Et ce d’autant plus, que cette pratique semble courante parmi les proches de Nicolas Sarkozy. M. Fillon vient de créer sa société de conseil et réalise beaucoup de voyages à l’étranger, notamment en Russie récemment. Est-il rémunéré, et par qui, lors de ses nombreux voyages ? M. Sarkozy lui-même facture des conférences à l’étranger, notamment pour des banques alors qu’il pense chaque jour à l’élection présidentielle.
Les hommes de la « Sarkozie » semblent assoiffés de pouvoir pour mieux réaliser leur business après leur passage par les arcanes de l’Etat.
Eduardo Rihan-Cypel, porte-parole du Parti socialiste