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Daft Punk – Random Access Memories

Publié le 15 mai 2013 par Hartzine

Après un raid marketing à épisodes qui a provoqué chez la race humaine connectée un auto-arrosage automatique méritant à lui seul un essai de Guy Debord, voilà que le totem ultime du grand gloubiboulga pop intergalactique nous est délivré pour qu’enfin la lumière soit. Et tout dérisoire et boursouflé soit-il, Rame À L’Excès de Morilles est à la hauteur de nos fantasmes les plus fous. Daft Punk nous ouvre en exclu les portes de son salon à L.A. et franchement, là-bas, c’est Sacrée Soirée tous les soirs. Nile Rodgers est bloqué sur le même riff dans un coin comme un personnage buggé des Sims, Pharrell Williams se touche en gémissant sur la table basse en verre fumé, tout le gratin du rock FM des 70′s/80′s jamme inlassablement devant Guitar Hero, le cultissime Paul Williams (de Phantom of the Paradise !) croone dans Fantasia, et Giorgio Moroder raconte sa vie comme s’il faisait sa propre nécro sur Paris Première avec une parodie de ses plus grand tubes en fond sonore. On ne retrouve cependant pas tout le monde sur l’album car il y a aussi Tom Jones, Barbara Streisand, Les Eagles et Michel Drucker qui dansent poussivement parmi les invités avec des gin-to’ fluorescents à la main comme dans Tron Legacy.

Ramène De La 16 Mélanie est en effet l’album rêvé pour faire ronronner ses Bang & Olufsen sur la terrasse de son yacht à Mandelieu-La-Napoule ou, à défaut, guincher à l’afterwork : la basse slappe à donf, le vocodeur drive sa mère, et les synthés sont trop smooth. C’est un film de SF à gros budget d’un réalisateur hollywoodien vieillissant où l’on se fait gentiment chier mais puisqu’il coûte X millions de dollars à la minute, tout est réuni pour que ça passe tout seul – et ça passe tout seul. Enfin, c’est cette œuvre cossue, bourgeoise même, d’un tandem de robots isolés dans leur Hollywood condo, dont les casques embués les empêchent de se rendre compte qu’une virée en Porsche Cayenne sur le seashore avec des biatchs californiennes téléchargées sur iPhone 5, ça n’incarne plus le cool qu’auprès d’une poignée de jeunes UMP en vacances d’été à Saint-Jean-de-Luz. C’est d’ailleurs ce décalage qui leur fait asséner en 2013 des absurdités telles que « notre anonymat est totalement à contre-courant à une époque où tout le monde rêve de célébrité » ou « notre stratégie marketing est radicale« . Néanmoins, quelques disques des années 2000 ont fait leur chemin jusqu’à la sono 12.1 de leur K2000 tunée : le dernier Metronomy visiblement, dont ils ont décidé de reprendre The Bay (Get Lucky), ainsi que les Strokes et Animal Collective, dont ils ont débauché les chanteurs pour interpréter respectivement Eye in the Sky d’Alan Parsons Project (Instant Crush) et un pastiche de Kavinsky (Doin’ It Right). Et ça sera tout pour le sang « neuf ». Les deux cyborgs en smoking YSL restent bien au chaud dans leur Disneyland de la nostalgie sacrée où l’on se dorlote sous les disques d’or de George Benson et où les gimmicks les plus éculés du monde tournent sur eux-mêmes dans le vide intersidéral, de telle façon qu’on croit entendre en boucle un morceau de Steely Dan période Gaucho où le Cuervo Gold et la colombienne auraient été remplacés par la vodka-Red Bull et la saccharine (Fragments of Time).

Mais Ramdam Accès VIP n’est pas qu’une affaire de guests et de paillettes, parce que nos robots, c’est aussi des vrais artistes qui ont le blues, et eux aussi savent faire du joli papier-peint musical à la Air (Motherboard) ou des grandes suites cosmico-pompières pour nous mettre en orbite dans la galaxie d’Ulysse 31 (Contact). Et de toute façon, qui d’autre que nos Biomans made in France préférés aurait pu réaliser un Spinal Tap de la pop aussi (involontairement) drôlatique ?

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