Magazine Cuisine
Après un long silence, je reviens sur cette saison 2013. Une saison pour le moins particulière. D'abord, un mois de mars à la météo exceptionnelle avance les récoltes de plus d'une semaine. Puis, fin avril retour du froid. Les jeunes pousses arrêtent leur croissance, et la suite des récoltes commence à prendre peu à peu du retard, à un tel point qu'aujourd'hui on serait presque un peu en retard en comparaison de l'an dernier ! Quelques dégâts dus au givre par ci par là, et cette année les récoltes sont globalement 30% moins abondantes que l'an dernier.
Forcément la sélection à pris du retard, mais tout arrive maintenant peu à peu. Derniers arrivés, deux thés de Yame. Oui, deux, même prix, même ville de Yame (dep de Fukuoka), même cultivar (Yabukita), mais producteurs différents. Deux fukamushi qui pourraient se ressembler énormément si ce n'était une différence de Hi-ire (cette torréfaction finale qui transforme un produit brut en sencha fini) Le premier a fait l'objet d'un Hi-ire très faible, et le second (dont la version 2012 était présente sur TdJ l'an dernier) d'un Hi-ire bien prononcé, sans être très fort non plus (sur une échelle de force de 1 a 10 je dirais 6). Voilà une occasion parfaite pour ceux qui n'ont pas encore une idée précise de l'influence qu'à ce Hi-ire sur le thé de s'en rendre compte concrètement.
Les feuilles peu torréfiées du premier (à gauche) ont un parfum très léger, d'herbe coupée et de foin. À ce niveau il ne se fait pas spécialement remarquer.
70-80 ml d'eau à 70°C environ vont réveiller un peu ces feuilles. Un léger parfum végétal, un peu sucré et floral se porte jusqu'au nez.
La liqueur a du corps, sans être trop forte, elle montre une infime astringence, une douceur mesurée, et des saveurs dans de registres légumineux, avec de l'avocat.
L'aftertaste est puissant, bien plus que pourrait le laisser présager la liqueur. Cette tendance est encore plus forte après la seconde infusion.
Les feuilles deuxième thé sont elles beaucoup riches en senteurs. le Hi-ire y exerce parfaitement son rôle. Des notes sucrées de noisettes et de marron grillé.
Une infusion dans les mêmes conditions que pour le thé précédent met bien sûr en lumière ce parfum. Le registre reste le même, c'est très gourmand.
La liqueur est puissante, très douce, aucune astringence. Pourtant, les tonalités dominantes en arrière plan restent l'avocat.
Enfin l'aftertaste est important, il tapisse longuement la bouche mais, plus simple, il a peut être un peu moins d'ampleur que le premier.
Deux sencha finalement dans les mêmes registres donc, pourtant, la différence de Hi-ire leur confère des moyens d'expression radicalement différents, par le parfum et la façon de se déployer en bouche puis en arrière goût de ces parfums.