Les politiciens sont sans conteste des magiciens des
manœuvres électoralistes, mais quand vient le temps de choisir les pôles de
développement économique du futur, ils figurent plutôt parmi les nuls.
Le fiasco annoncé de la filière éolienne démontre une fois
de plus que l’interventionnisme étatique pour favoriser le développement
économique est la plupart du temps voué à l’échec.
Au milieu des années 2000, le gouvernement Charest, subjugué
par les activistes écologiques qui pullulent au Québec, a imposé des quotas
d’énergie éolienne à Hydro-Québec. Selon le discours prédominant, l’éolien
représentait la filière énergétique de l’avenir et il fallait embarquer avant
que le train passe. Les entrepreneurs ont tout de suite compris que les
subventions couleraient à flots et se sont empressés d’embaucher des lobbyistes
pour mousser leurs projets auprès des élus locaux, régionaux et nationaux. Qui
pourrait les en blâmer? C’est dans la nature même des entrepreneurs de trouver
l’argent là où elle est et au Québec elle est au gouvernement.
Depuis, on découvre qu’Hydro-Québec produit des surplus
qu’il écoule aux États-Unis à perte. Le coût actuel de
l’éolien est d’environ 9.7 cents/kWh (voir ceci) et le prix sur le
marché américain est de 4.5 cents/kWh. C’est le monde à l’envers. Le Québec
pauvre subventionne les riches Américains. Est-ce que ceci expliquerait
cela ?
Aujourd’hui les politiciens ne
savent plus comment se sortir de ce programme de gaspillage de fonds publics. Aucun
politicien n’aura le courage de mettre fin à un programme dont dépendent des
emplois en région. Il est plus rentable électoralement de continuer à gaspiller
des centaines de millions plutôt que de se mettre à dos les écologistes, les
syndicats et les régions.
Croyez-vous un seul instant
que si Hydro-Québec était une entreprise privée qu’elle construirait encore
plus d’éoliennes ? Seuls les monopoles d’État peuvent se permettre de
telles idioties. Hydro-Québec privatisée paierait des impôts et redevances au
gouvernement, distribuerait des dividendes aux actionnaires pour renflouer nos fonds
de pension, mais ne subventionnerait pas les Américains à coût de centaines de
millions.
Mes amis interventionnistes,
pour qui hors de l’État point de salut, vont me répondre que ce n’est pas le
monopole public qu’il faut blâmer, mais les politiciens qui imposent de
mauvaises décisions à Hydro-Québec. Ils refusent d’accepter que les politiciens
soient incapables de ne pas intervenir à des fins électoralistes auprès des
entreprises qu’ils contrôlent. La rentabilité est un critère bien secondaire.
Si elle est au rendez-vous, c’est la cerise sur le gâteau. Il n’y a donc qu’une
solution à ce problème : privatiser Hydro-Québec. Mais c’est une vache
sacrée intouchable. La moindre allusion à la privatisation d’Hydro ramènerait
dans la rue la moitié de la population qui ne paie pas d’impôt.
(Voir David Descôteaux, Minarchiste, François Pouliot)