Par ailleurs, je n’avais jamais eu l’occasion de voir d’autres de ses œuvres, à l’exception de la sculpture monumentale du fameux pouce, sur le Parvis de la Défense.
Pour comprendre le titre de l’exposition, je pensais à la double acceptation du mot que lui assignait César : l’empreinte était celle laissée par une action sur la matière (celle d’une machine ou d’un homme), comme dans l’œuvre « L’empreinte de Mao », du « Sein », ou dans les compressions, mais aussi de manière évidente dans les pouces.
Celui présenté ici en cristal, permet par un jeu de lumière et de reflet de révéler sa transparence et ses deux faces, puisque les lignes digitales de l’empreinte se voient au travers de l’œuvre.
Guidés par le dépliant qui légende les œuvres, nous prenons la mesure de la pièce. Outre la forme volontairement créée et désignée au moyen du titre de l’œuvre, on y perçoit dans chacune d’entre elles, par le travail de la matière d’autres formes secondaires. Ces formes sont issues de l’assemblage des matériaux (lamelles de bronze par exemple).
Dépassant leur forme stricte les œuvres, contiennent une part d’interprétation, et touchent pour des raisons qui sont parfois difficiles à formuler.
Le jeu scénographique des lumières et des reflets, permet une démultiplication des formes et des plans : les lumières de la coupole se reflètent dans les textures lisses (comme sur la poitrine opulente de la Vénus de Villetaneuse), transparentes et au sol, tandis que les surfaces réfléchissantes comme les murs ou le sol, donnent aussi un autre angle de perception de l’œuvre. Enfin, les ombres des œuvres, les dédoublent en leur attribuant un aspect uniquement formel, lisse et débarrassé de texture. C’est le cas du petit personnage en fer à souder.
Au 3ème étage, davantage de compressions : celle d’un motocycle en bronze dont on reconnait bien les roues (c’est cette œuvre qui illustre l’affiche de l’exposition), deux d’entres elles en plexiglas l’une opaque et bicolore, l’autre transparente, une coque de voiture accrochée, et des objets aplatis, comme une cafetière. Ici on voit la lecture alternative de l’objet qui nous est proposée. On sourit à l’idée de ce qu’est devenu tel ou tel objet auquel on ne peut s’empêcher de se référer.
Quelques œuvres, notamment des autoportraits témoignent aussi de la série d’expansions faites par l’artiste. En effet, à la découverte de la mousse en polyuréthane, César découvre un champ de possibles qui se traduit par les capacités expansives de la mousse et sa légèreté. Il peut ainsi concevoir des œuvres monumentales, sans que celles-ci ne soit trop lourdes. Opposées aux compressions ces œuvres lui permettent de mettre en avant des moulages et des déformations, de figurer les coulées de matière.
Le film qui clôt l’exposition permet de compléter notre connaissance du personnage, et de comprendre sa démarche et ses considérations créatives. Il dit ainsi que « l’œuvre est une chose qui se saisit en court de route », il s’agit d’une rencontre et d’une osmose entre le matériau, ses possibilité et la fonderie (pour les œuvres métallique). Il affectionne ainsi le bronze qui s’oxyde mais ne rouille pas comme le fer. Le geste créatif est collectif, il convoque César mais aussi son équipe de fondeur. Ils essaient ensemble de se laisser guider par la matière, au gré de leurs expérimentations. Il mobilise des techniques (compressions, expansions…) mais il s’agit à chaque fois d’un nouvel essai sans redite possible « A chaque fois, il faut recommencer, dit-il, mais je n’ai jamais eu l’impression de refaire la même chose ». Pour la création même, il dit ces mots « Je laisse les choses venir, je n’ai pas d’imagination. Je suis un homme sans imagination ».
A voir :
César, l’empreinte
À Elephant Paname
10, rue Volney
75002 PARIS