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César, l’empreinte, à Elephant Paname (Paris 2)

Publié le 15 mai 2013 par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses

IMG_20130515_181000De l’artiste, comme la plupart des gens, je ne connaissais que les compressions. Ces formes créées à partir d’une action mécanique (celle de la presse), dans un but fonctionnel récupérées pour être considérées pour leur dimension esthétique. Pour César, il s’agit d’extraire une matière, jugée sans forme, standardisée, pour lui reconnaitre un nouvel intérêt comme objet artistique. Ce qui éveille son attention, c’est « qu’une certaine destruction peut être un ordre ».

Par ailleurs, je n’avais jamais eu l’occasion de voir d’autres de ses œuvres, à l’exception de la sculpture monumentale du fameux pouce, sur le Parvis de la Défense.

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L’exposition proposée à Elephant Paname prend le parti de présenter l’œuvre de l’artiste d’une manière moins convenue, en en montrant une facette moins connue du public. D’emblée la scénographie immersive, crée des espaces d’ombres et de lumière, où les œuvres sont présentées sur différents niveaux (on monte et on descend quelques marches) permettant au visiteur d’évoluer à son rythme dans la salle d’exposition. C’est dans cette pièce que l’essentiel des pièces est présenté.

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Après un premier aperçu des sculptures, on note des sujets récurrents : les femmes et leur image si particulière dans l’esprit de l’artiste, les animaux (poules, araignée de mer…), des ailes et des hommes volants et des « empreintes ».
Pour comprendre le titre de l’exposition, je pensais à la double acceptation du mot que lui assignait César
: l’empreinte était celle laissée par une action sur la matière (celle d’une machine ou d’un homme), comme dans l’œuvre « L’empreinte de Mao », du « Sein », ou dans les compressions, mais aussi de manière évidente dans les pouces.

Celui présenté ici en cristal, permet par un jeu de lumière et de reflet de révéler sa transparence et ses deux faces, puisque les lignes digitales de l’empreinte se voient au travers de l’œuvre.

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Immédiatement dans la perception des sculptures, le travail de la matière est tel, que notre attention s’attache d’abord à la texture des œuvres. Précédant l’identification de la forme, nous percevons le lisse, le grumeleux, le transparent…
Guidés par le dépliant qui légende les œuvres, nous prenons la mesure de la pièce. Outre la forme volontairement créée et désignée au moyen du titre de l’œuvre, on y perçoit dans chacune d’entre elles, par le travail de la matière d’autres formes secondaires. Ces formes sont issues de l’assemblage des matériaux (lamelles de bronze par exemple).

Dépassant leur forme stricte les œuvres, contiennent une part d’interprétation, et touchent pour des raisons qui sont parfois difficiles à formuler.

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La forme initiale se dissout alors, quand notre regard détaille et discerne chaque partie d’une pièce. Pour certaines, la texture est fidèle à la réalité, comme l’aspect grumeleux de l’araignée de mer, d’autres posent question : notamment les variations de matière dans le corps des femmes : le lisse sur le torse, le grumeleux sur les jambes.
Le jeu scénographique des lumières et des reflets, permet une démultiplication des formes et des plans : les lumières de la coupole se reflètent dans les textures lisses (comme sur la poitrine opulente de la Vénus de Villetaneuse), transparentes et au sol, tandis que les surfaces réfléchissantes comme les murs ou le sol, donnent aussi un autre angle de perception de l’œuvre. Enfin, les ombres des œuvres, les dédoublent en leur attribuant un aspect uniquement formel, lisse et débarrassé de texture. C’est le cas du petit personnage en fer à souder.

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Au 3ème étage, davantage de compressions : celle d’un motocycle en bronze dont on reconnait bien les roues (c’est cette œuvre qui illustre l’affiche de l’exposition), deux d’entres elles en plexiglas l’une opaque et bicolore, l’autre transparente, une coque de voiture accrochée, et des objets aplatis, comme une cafetière. Ici on voit la lecture alternative de l’objet qui nous est proposée. On sourit à l’idée de ce qu’est devenu tel ou tel objet auquel on ne peut s’empêcher de se référer.

Quelques œuvres, notamment des autoportraits témoignent aussi de la série d’expansions faites par l’artiste. En effet, à la découverte de la mousse en polyuréthane, César découvre un champ de possibles qui se traduit par les capacités expansives de la mousse et sa légèreté. Il peut ainsi concevoir des œuvres monumentales, sans que celles-ci ne soit trop lourdes. Opposées aux compressions ces œuvres lui permettent de mettre en avant des moulages et des déformations, de figurer les coulées de matière.
Le film qui clôt l’exposition permet de compléter notre connaissance du personnage, et de comprendre sa démarche et ses considérations créatives. Il dit ainsi que « l’œuvre est une chose qui se saisit en court de route », il s’agit d’une rencontre et d’une osmose entre le matériau, ses possibilité et la fonderie (pour les œuvres métallique). Il affectionne ainsi le bronze qui s’oxyde mais ne rouille pas comme le fer. Le geste créatif est collectif, il convoque César mais aussi son équipe de fondeur. Ils essaient ensemble de se laisser guider par la matière, au gré de leurs expérimentations. Il mobilise des techniques (compressions, expansions…) mais il s’agit à chaque fois d’un nouvel essai sans redite possible « A chaque fois, il faut recommencer, dit-il, mais je n’ai jamais eu l’impression de refaire la même chose ». Pour la création même, il dit ces mots « Je laisse les choses venir, je n’ai pas d’imagination. Je suis un homme sans imagination ».

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La matière prime, elle prend forme et change sous l’action de l’artiste. Elle peut être plusieurs objets à la fois, avoir un référent ou non, et une force créatrice propre. Une démarche artistique intéressante qui nous fait revoir nos conceptions classiques de la création.

A voir :
César, l’empreinte
À Elephant Paname
10, rue Volney
75002 PARIS

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