L'art du peuple Mimika est profondément lié à celui des Asmat, notamment dans la forme très architecturée que les uns et les autres savent donner à de grands poteaux où des figures humaines enchevêtrées sont généralement sculptées dans une combinaison de vides et de pleins.(Quelques uns sont présents par exemple sur le plateau des collections Océanie du musée du Quai Branly à côté de poteaux Asmat).
L'une des caractéristiques de l'art des Mimika est de retrouver un motif récurrent que constitue le mopere, une sorte d'ovale évidé. Mopere signifie littéralement nombril et se réfère à celui de la mère, à la source de la vie.
Parmi la statuaire Mimika, les figures féminines sont parmi les plus anciennes dans les collections. Leur signification n'est pas très claire.
Debout, les jambes pliées, les bras fléchis et les mains tournées vers le menton, elles présentent toutes un gonflement de l'abdomen. D'où une interprétation facile que d'associer ces images de femmes à la fertilité et le renouveau de la vie.
La figure présentée ci-dessus à gauche sera présentée à la vente Sotheby's de New York le 16 mai prochain (lot 48). Elle accroche l'attention par sa forme, comme sortie de nulle part... Paradoxalement elle ne porte pas de trace du motif mopere, mais on peut penser que ce qui surgit du ventre et que la statue tient entre ses mains puisse être un cordon ombilical.
Par contre, cette statue présente un grand nombre de lignes horizontales. Sachant que de telles figures étaient présentes lors de la cérémonie Emakame, basée sur le mythe de la femme-serpent ; il est possible qu'elle soit une évocation de cette ancienne mère reptile.
Dans un style plus classique, on retrouve une statue Mimika dans les collections du Rijksmuseum voor Volkenkunde à Leiden (cf. ci-dessus à droite). Collectée avant 1913, elle a toujours été interprétée comme la représentation d'une femme enceinte.
Photo 1 : Catalogue de la vente Sotheby's, mai 2013
Photo 2 : Musée d'Ethnologie de Leiden.