Un petit Cambodgien a pour meilleur ami... un python !
En tant que parents responsables, le paysan cambodgien Khuorn Sam Ol et sa femme ne devraient pas être du genre à laisser leur enfant jouer avec un serpent de cinq mètres de long pesant quelque 100 kilos.
Et pourtant, ils ne montrent aucun signe d'angoisse à l'idée que leur fils de 7 ans, Uorn Sambath, dorme régulièrement dans le giron impressionnant d'un python femelle, l'enfourche, l'embrasse et même le badigeonne de talc pour bébé.
«Il y a un lien particulier entre eux», avoue Khuorn Sam Ol. «Mon fils jouait déjà avec le serpent à l'âge où il apprenait à marcher à quatre pattes. Ils dormaient ensemble dans son berceau».
Le jeune garçon et son ami reptile sont devenus une attraction pour les touristes traversant le village de Setbo, à 20km au sud de Phnom Penh, la capitale, ainsi qu'une source d'émerveillement pour les habitants de la région. «Les gens les appellent parfois "le mari et sa femme", témoigne Cheng Raem, un voisin de 48 ans. Peut-être étaient-ils mariés dans une vie antérieure».
Le garçon et le serpent grandissent ensemble depuis que le python s'est introduit dans la maison familiale quand l'enfant n'avait encore que trois mois. Kim Kannara, la mère, avait à l'époque découvert l'animal, alors à peine plus long qu'un pouce, enroulé sous une natte de laine sur leur lit. Khuorn Sam Ol, le père, s'empara du python et le relâcha dans des buissons près d'un cours d'eau, pour le retrouver, deux semaines plus tard, de nouveau dans la maison. Il décida alors de le garder et de le baptiser Chamroeun, qui signifie «progrès».
Depuis, le paysan s'est convaincu que le reptile possède un esprit magique qui lui permet de comprendre ce qu'il dit et de protéger la famille des maladies. Le python dispose d'ailleurs dans la maison de sa propre pièce de six mètres carrés, agrémentée d'un autel où Khuorn Sam Ol vient prier pour demander à l'animal de garder sa famille heureuse et en bonne santé.
Le serpent a tellement l'habitude d'être avec son fils qu'il ne lui ferait jamais de mal, assure-t-il.
De fait, confirme Nikolaï Dorochenko, un herpétologue russe, les pythons attaquent rarement les humains, à moins d'être provoqués. Il est néanmoins toujours risqué de laisser un enfant jouer avec un animal capable de briser les os d'un homme en s'enroulant autour de lui, nuance le spécialiste, également propriétaire de la maison d'hôte «La maison du serpent» à Sihanoukville (sud-ouest du Cambodge).
Chamroeun, dont le transport nécessite trois personnes adultes, mange environ 10 kilos de volaille chaque semaine, ce qui représente une part non négligeable dans le budget familial, reconnaît Khuorn Sam Ol. Mais les contingences matérielles n'ont pas toujours été le seul problème. La famille avait aussi du mal à nourrir l'animal quand il s'agissait de lui donner à manger des rats et des poulets vivants, car les bouddhistes répugnent à tuer des êtres vivants. Mais le serpent, affirme Khuorn Sam Ol, aurait entendu leurs prières et fini par arrêter de manger des animaux vivants.
À plusieurs reprises, la police et des organismes de protection de la nature ont tenté de capturer le serpent pour l'emmener dans un zoo. Mais ils ont abandonné en voyant le petit Uorn Sambath faire des câlins à son python et sont finalement repartis, non sans avoir pris des photos des deux amis, se souvient Khuorn Sam Ol.
«Je ne laisserai personne l'emmener loin de moi non plus», affirme le petit Uorn Sambath, en embrassant son animal de compagnie sur la tête. «Je l'aime beaucoup».
Ker Munthit
AP