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Songe baroque et réveil difficile hier soir avec Anne Sofie von Otter à la Salle Gaveau

Publié le 15 mai 2013 par Nicolas Bourry @nicolasjarsky
 ©  Valerii9116 - Flickr

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C’était hier soir, c’était Salle Gaveau, c’était baroque. Anne Sofie von Otter nous a proposé un récital d’airs italiens notamment de Monteverdi et d’autres compositeurs plus confidentiels, accompagnée par la très belle Elin Rombo.

Anne Sofie von Otter… Pour nous, c’est l’une des interprètes les plus déjantées d’Offenbach. Lors d’un concert mémorable avec Les Musiciens du Louvre, la mezzo-soprano avait interprété les airs les plus célèbres de "Je suis veuve d’un colonel", à "Je suis alsacienne" en passant par "La fille du tambour major". Louis a toutes les vidéos de cette soirée sur sa playlist Offenbach !
Mais la mezzo suédoise a plus d’une corde à son arc (et larynx). C’est une artiste exceptionnellement complète avec une grande maîtrise des répertoires baroques et mozartiens mais qui a également brillé dans des œuvres de Strauss et Mahler. Née un 9 mai, Anne Sofie von Otter fête son anniversaire avec son public parisien !
En septembre dernier elle sort un album de grande qualité "Sogno barocco" avec la participation de Sandrine Piau pour des duos aériens ! Pour accompagner les deux divas, l’ensemble instrumental et vocal Cappella Mediterranea avec à sa tête Leornado Garcia Alarcon. C’est cet ensemble, sans Sandrine Piau, que nous avons retrouvé avec plaisir hier soir dans le bel écrin de la Salle Gaveau. Formation prestigieuse, la Cappella Mediterranea aborde la musique baroque avec pour objectif d’adopter un regard neuf sur la musique du Sud de l’Europe. Créé en 2005 l’ensemble a déjà récolté les lauriers de la presse internationale.
Quant à Elin Rombo, c’est lors d’un Requiem de Mozart mémorable dans la Basilique de Saint-Denis que nous avions découvert cette soprano suédoise aux airs de Jodie Foster, dont la beauté n’a d’égal que sa clarté vocale.

La Salle Gaveau se prête théoriquement parfaitement à ce genre de formation baroque, intimiste. Cela a-t-il été le cas hier soir ?

A l’arrivée des artistes sur scène on ne peut s’empêcher d’être frappé par la différence de styles et de tenues. D’un côté Anne Sofie von Otter, dans un tailleur très masculin et très sobre, les cheveux en chignon, le maquillage léger lui donnant un air pâle. L’objectif semble être de vieillir la chanteuse pour lui donner des allures de grande diva. En face Elin Rombo dans une robe de soirée de gala, couleur prune, élégante, dans la plus pure tradition des tenues de gala des chanteuses lyriques. Vocalement c’est la même différence très marquée. La jeunesse éclatante face à l’assurance calme de l’expérience. Le tout, dans une interprétation d’une grande délicatesse, très intimiste. Elin Rombo est plutôt parfaite. Elle apporte une fraîcheur nouvelle sur ses airs italiens baroques un peu poussiéreux. Les duos avec sa compatriote Anne Sofie von Otter sont d’une virtuosité et d’une sensualité exemplaires.

L’ensemble Cappella Mediterranea est très bon mais manque un peu d’originalité, d’un grain de folie. Du coup, s’il n’y a aucune faute note dans l’ensemble, au sens propre comme au figuré, le tout passe légèrement inaperçu.

Avant l’entracte Anne Sofie von Otter nous donne quelques explications sur la suite du concert et nous présente deux lamenti. Les explications sont amusantes et ludiques, on retrouve la mezzo-soprano joueuse d’Offenbach. Malheureusement les lamenti sont un peu trop longs, on s’ennuie. Et la chanteuse à force de vouloir se donner des allures de grande dame, se perd dans une simplicité qui fait parfois penser à de la faiblesse. Dans la deuxième partie du concert, la voilà qui revient sur scène avec une veste à paillettes, et qui traverse la scène lentement, par l’arrière dans une tentative de mise en scène un peu pédante.

La déception est grande de voir la prétention un peu trop affichée… Surtout que les duos avec Elin Rombo sont toujours aussi magnifiques, même pour les rappels avec un air de Haendel très émouvant. Dans les autres rappels, un air de Kate Bush, si si, sans intérêt, et une version baroque de Göttingen de Barbara pour clôturer le concert, qui provoque des applaudissements très nourris, à juste titre, reconnaissons-le.

Des duos incroyables mais une mezzo-soprano qui y croit un peu trop. Une soirée moyenne hier soir Salle Gaveau sauf pour Elin Rombo que l’on félicite.

Cette salle, souvenez-vous, nous vous l’avions présentée.



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