Pour arriver à Marie Dorval, il m’a fallu dépasser ce romantisme-là. Ecouter la parole même de cette femme, dans l’intimité de sa loge, quand elle n’est pas encore le personnage qu’elle va endosser pour le public, personnage écrit pour elle par Vigny peut-être, telle qu’il l’imaginait. Pendant qu’elle s’habille, elle évoque son art, sa vie, ses hommes, ses amours, ses trois filles. C’est une femme qui est devant nous, simplement une femme. Oh oui, elle se plaint de sa « vie misérable », mais aussi elle assume tout, elle revendique sa liberté. Et elle parle du travail qu’il faut faire pour paraître naturelle sur scène. Ce propos va avec justesse à Sophie Le Corre, dont le jeu n’est affecté d’aucun maniérisme. Seule en scène, elle donne corps au nom de Marie Dorval, remuant les tissus, les vêtements qui la couvrent, nous parlant sans ambages, dans la proximité d’une loge où l’artiste, avant de devenir une autre, se dévêt de sa vie quotidienne, une vie difficile, dans les rivalités du moment et les difficultés financières qui l’obligent à d’incessants déplacements, grâce auxquels nous disposons d’une abondante correspondance (notamment avec Alfred de Vigny et George Sand) témoignant de la vie théâtrale du XIXe siècle. C’est de cette correspondance qu’est tiré le texte joué devant nous, qu’il faut voir soit dans un petit théâtre, soit chez des gens qui l’accueillent ici ou là pour une soirée.
Pour ma part, j’ai vu ce spectacle au Théâtre Darius Milhaud, à Paris.
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