Titre original : Mamá
Note:
Origine : Espagne/Canada
Réalisateur : Andres Muschietti
Distribution : Jessica Chastain, Nikolaj Coster-Waldau, Megan Charpentier, Isabelle Nelisse, Daniel Kash, Javier Botet, Jane Moffat, Julia Chantrey…
Genre : Épouvante/Horreur/Fantastique
Date de sortie : 15 mai 2013
Le Pitch :
Disparues à la suite d’une tragédie familiale, Victoria et Lilly, deux fillettes, sont retrouvées cinq ans plus tard dans les bois. Recueillies par leur oncle et sa petite amie, Victoria et Lilly réapprennent progressivement à vivre d’une manière civilisée. Cependant, quelque chose semble avoir suivi les deux sœurs. Une entité appelée Mamá par les gamines qui semblent communiquer régulièrement avec elle. Une mystérieuse créature qui a veillé pendant toutes ces années sur Victoria et Lilly et qui ne semble pas prête à en abandonner la garde…
La Critique :
Produit par trucmuche. Machin présente tel ou tel truc. La formule à fait ses preuves. Les grands réalisateurs produisent aussi des films et la promo exploite à fond leur présence. Souvent, ces grands cinéastes ne font rien de spécial, à part peut-être mettre du fric sur la table et signer un ou deux papiers pour que leur nom apparaisse en haut de l’affiche. Bien souvent en effet, trône avant même le nom du réalisateur inconnu au bataillon qui a réalisé le long-métrage en question, le patronyme du type connu, qui a daigné s’associer à la chose. Les années 90 ont vu beaucoup de « Wes Craven présente.. » et dernièrement, la pub pour le film Possédée annonce un truc du genre : « Après Evil Dead, le nouveau cauchemar de Sam Raimi… ». Sam Raimi n’a bien sûr pas réalisé le piteux Possédée. Sam Raimi, toujours lui, a d’ailleurs largement donné en la matière, en acceptant d’associer son nom à de multiples bavures filmiques, via sa maison de production Ghost House Pictures (fondée avec le producteur d’Evil Dead et compagnon de toujours de Raimi, Robert Tapert), avec des métrages comme The Grudge 1, 2 et 3 (outch), Xena, la guerrière (re-outch), Priest (re-re-outch) et enfin, le remake d’Evil Dead, qui lui, est véritablement excellent. En bref, il est bien pratique de vendre un film en mettant en avant le nom de son producteur le plus célèbre et oui, l’accroche principale de Mama est la présence sur l’affiche de Guillermo Del Toro. Le puissant Del Toro, le réalisateur mexicain de génie, qui aime aussi produire des films, avec néanmoins un certain succès. En témoignent Les Cinq Légendes, Le Chat Potté, Biutiful ou ce récent Mamá. Peut-être est-ce parce que Del Toro, quand il appose son nom sur l’affiche d’un film, s’intéresse véritablement au projet et s’arrange pour, d’une manière ou d’une autre, y apposer sa patte.
Mamá donc, et son histoire tragique de fantôme forestier, protecteur de deux gamines, ramenées à la civilisation par leur oncle bienveillant, qui vient d’hériter sans le savoir d’un esprit frappeur revanchard. Porté par Andres Muschetti, épaulé par Del Toro mais aussi et surtout par sa sœur Barbara, avec laquelle il a écrit le scénario, Mamá renoue avec une certaine tradition old school du cinéma d’épouvante. Le film qui en résulte est donc de bonne facture, sans pour autant faire des étincelles. Ce qui ne signifie pas forcement que Mamá ne soit pas effrayant. Car effrayant, il l’est. À plusieurs reprises. La tronche de la Mamá du titre, cette entité ravagée et volatile dont suffit à elle seule à faire se dresser les poils sur le corps. Le truc plus gênant, c’est que le court-métrage de Muschetti, qui a inspiré le long-métrage l’est encore davantage (pour vous en convaincre rendez-vous en bas de page).
Un peu à la façon du récent et très réussiLa Dame en noir, avec Daniel Radcliffe, Mamá s’appuie donc sur de bonnes vieilles recettes. Sur des idées de mise en scène qui, et c’est le cas ici, quand elles sont bien exécutées, ne peuvent pas déboucher sur quelque chose de mauvais. L’originalité n’est alors pas de mise, mais la peur est bel et bien là et c’est le principal.
Enchainant les figures de styles nées dans le cinéma d’horreur américain, britannique mais aussi japonais (les longs cheveux, les enfants…), le long-métrage peut en outre compter sur un duo de choc au niveau du casting. Au premier plan, le Jaime Lannister de Games of Thrones, à savoir Nikolaj Coster-Waldau. Ultra charismatique à souhait et prouvant qu’il peut jouer une grande variété de rôles, le comédien trouve en la personne de Jessica Chastain une partenaire de choix. Grimée en bassiste de rock, tatouages et tignasse noire coupée court, celle qui se fit remarquer il y a peu dans Zero Dark Thirty, épate une fois de plus. Cette femme assure n’importe où, quoi qu’elle fasse, sans se départir d’une classe et d’une présence qui quoi qu’il en soit, suffisent à conférer au film un supplément d’âme. La présence de ces deux acteurs joue alors beaucoup dans la bonne tenue de Mamá, surtout si on tient compte de la belle présence des deux gamines, elles aussi tout à fait raccord avec la tradition des enfants étranges du bestiaire horrifique du septième-art.
De quoi excuser les effets-spéciaux, pas toujours très inspirés, et les situations assez banales que le scénario enfile comme des perles. On ne peut pas tout avoir. Mais cela dit, en se plaçant tout de même dans la lignée de Don’t be afraid of the dark, également produit par Del Toro, Mamá s’avère plus ambitieux. Son onirisme plein de noirceur, proche des écrits d’Edgar Poe, par certains aspects, arrive à tirer l’œuvre vers le haut. Auréolé d’une bande-originale pesante comme il se doit, Mamá titille les nerfs suffisamment pour déclencher quelques belles frayeurs. Et de nos jours, les films d’épouvante qui font peur, ne sont pas si fréquents que cela…
Court-métrage Mamá, d’Andres Muschietti :
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Universal Pictures International France