Quelques dizaines de supporteurs "ultra", interdits de stade, ont cassé, brisé, agressé place du Trocadéro à Paris, en marge de la célébration de la victoire du PSG au Championnat de France de football. Quelques dizaines de casseurs ont pillé des boutiques, agressé des passants.
Cet accès de violence gratuite a évidemment choqué.
Et voici quelques UMPistes en furie dénoncer pis que pendre au gouvernement.
En 2010 déjà, il y a trois ans, quelques supporteurs de l'Olympique de Marseille avaient bruyamment vandalisé les abords d'une manifestation de joie, après la même victoire de leur club. En pleine Sarkofrance sécuritaire, cela faisait tâche.
Cette fois-ci, il s'agit du club parisien, racheté à grands frais par le Qatar début 2011, avec la bénédiction et même l'impulsion de l'ancien régime. Quelque 250 millions d'euros plus tard, le Qatar exhulte, son club est champion, quelques jours avant la fin de la saison. Sans attendre, voici donc une fête sur fond de décor de carte postale qui est organisé, une carte postale pour justifier l'investissement parisien.
Et c'est le drame.
1. Une quarantaine d'arrestations, autant de blessés, des boutiques mises un sac, un car de touristes coincé sur le pont du Trocadéro pillé à quelques dizaines de mètres de cars de CRS; un quartier dévasté et bloqué, des échauffourées jusqu'à tard dans la nuit, les Champs Elysées fermés par des cohortes de CRS. A froid, le lendemain, on ne comprend pas pourquoi ni comment les propriétaires qatariens ont pu penser qu'une telle fête était sans risque au point de choisir pareil lieu. Il leur fallait la belle image d'une Tour Eiffel, de supporteurs parisiens heureux, célébrant les couleurs d'un club racheté à prix d'or. Le coup publicitaire est raté, il provoquait la nausée par le fric, il y ajoute la violence.
2. L'instrumentalisation politique de cette affaire fut immédiate et bruyante. Elle apparait pour ce qu'elle était, une petite manoeuvre. Ne comptez pas sur l'UMP pour attribuer une quelconque responsabilité au club parisien. Le "gang des ultras du XVIème", comme les surnomme un confrère, a eu la critique si prévisible, si amnésique de la décennie passée.
A l'Assemblée nationale, lors de l'habituelle séance des questions au
gouvernement, Manuel Valls fut donc chahuté. On a tout entendu:
commission d'enquête, appels à la démission du préfet, du ministre et
pourquoi pas, tant qu'on y est, du premier ministre et du gouvernement
tout entier.
3. Cela fait une belle décennie, douze ans déjà, que le sujet sécuritaire s'immisce avec brutalité dans le débat politique. Nicolas Sarkozy - désolé de revenir sur ce sinistre personnage - Nicolas Sarkozy, donc, avait fait de sa marque de fabrique politique la provocation verbale, l'agitation médiatique et la boulimie législative. On en connait le résultat: la délinquance la plus violente - les atteintes aux personnes en tous genres - n'ont cessé de progresser depuis 2002. Et en parallèle de ce show où l'inefficacité rivalisait avec l'outrance, le même Sarkozy réduisait de façon inédite et sans précédent les effectifs des forces de l'ordre entre 2002 et 2012, alors même que la population dans son ensemble progressait d'environ 6 millions de personnes. Bref, le fiasco et la honte.
4. Qui oserait dire que l'effort en matière de lutte contre la délinquance s'est relâché depuis mai 2012 ? De la création de 2000 postes à celle des zones de sécurité prioritaire (un nouveau jargon pour désigner ces coins où l'on va consacrer davantage de moyens qu'ailleurs), Manuel Valls a pris le relais avec la même fermeté. Sur d'autres sujets - l'immigration, les Roms - ses propos et sa pratique ont même dépassé les bornes pour une part de la gauche et dans les milieux associatifs. Mais en matière de lutte contre la délinquance, qui lui reproche d'en faire trop ou pas assez ? Personne ou presque... A droite, Valls est devenu l'homme à abattre... politiquement s'entend. Et tous les moyens sont donc bons. Les critiques des anciens soutiers de Sarkofrance sont inaudibles.
5. Qui conteste le drame ? Personne. Sur ce coup-là, l'organisation d'une célébration de victoire footballistique d'un club ayant exclu environ 12.000 supporteurs voici deux ans, dont quelques centaines d'excités, Manuel Valls a péché par préfet interposé. Il fallait voir le regard dudit préfet de Paris, Bernard Boucault, les yeux hagards comme pris dans les phares d'une voiture, ce mardi 15 mai au matin devant la presse. La veille, il n'était pas là, il visitait une zone de sécurité prioritaire. Certains syndicalistes policiers ont dénoncé le manque de moyens déployés - 800 contre 10 à 15.000 manifestants. D'autres, comme un représentant de Synergie-Officiers, ont jugé au contraire que les forces étaient suffisantes.
Fallait-il en faire un ramdam politique ?
Non.
Heurts sur les Champs-Elysées dimanche, après... par LeNouvelObservateurTweeter
&alt;=rss