L’injonction paradoxale est un best seller de ce blog. Inattendu !
Ce qui m'a fait réfléchir. Et si l’injonction
paradoxale était devenue un principe de notre société ? Et si, au lieu de
nous contenter d’utiliser les lois sociales existantes à des fins de
manipulation, nous les créions pour cela ? Et si, par exemple, nous faisions
aimer les desserts à nos enfants pour pouvoir les en priver, et donc les
manipuler ? (Manipuler = obtenir un comportement désiré, sans passer par
le libre arbitre.)
Rien ne neuf, me dira-t-on. Pour Chester Barnard, pionnier
des études de l’organisation des entreprises, l’amour de l’argent avait été
inculqué aux Américains pour les rendre facilement manipulables. Et les
pères fondateurs des USA désiraient injecter l’impérialisme et le nationalisme
dans la culture nationale de façon à la canaliser. Et que dire des régimes
totalitaires ?... La nouveauté est l’usage familial de ces techniques.
Ainsi, j’ai entendu Les pieds sur terre
de France culture donner la parole aux souvenirs d’une Américaine. Les procédés
utilisés par sa mère, une féministe militante, pour inculquer sa cause à son
enfant m’ont étonné. Ils semblaient sortis de cours de psychologie de la
manipulation (qu’elle n’avait pas lus).
Doit-on s’offusquer ? Un individu « libéré »
utilise ce qu’il peut pour obtenir ce qu’il veut de son prochain. Et les
mécanismes sociaux sont les moyens les plus puissants pour ce faire. D'ailleurs cela
ne fonctionne pas parfaitement. Les travaux de Skinner montrent que même
un animal n’est pas totalement programmable. Ce qui me fait me demander si cette
lutte entre la société et l’homme n’est pas un rite de passage. En effet,
c’est en se dégageant de la manipulation ambiante que l'individu parvient à penser pour
son propre compte. C’est une naissance qui demande un deuil. (Les Sophistes nous montrent-ils la voie ?)
Question finale. Et si le « libéralisme », et la
manipulation sociale qu’il entraîne, produisait des surhommes ? Ce qui ne
tue pas renforce.