Tiens, ça fait longtemps qu'on n'a pas parlé de Michel Gondry ici. La sortie de L'écume des jours et la parution en DVD de son documentaire L'épine dans le cœur nous donne l'occasion d'un bref regard rétrospectif sur une filmographie longs métrages pour le moins chaotique.
Alors revoir aujourd’hui L’épine dans le cœur à l’aune de L’écume des jours, c’est constater que Gondry n’a pas forcément besoin de s’encombrer de concepts brillants, d’effets devant la caméra, de casting rutilant ou d’imaginaire labellisé pour toucher ou émouvoir. Portrait de famille où le cinéaste s’implique directement à l’image et dans l’image, ce documentaire sorti en 2010 relègue au second plan la maestria formelle qu’on attend généralement du génial réalisateur de clips qu’il fut. Si le cinéaste est omniprésent dans le film, c’est d’abord en tant qu’acteur, tout simplement parce que le film se nourrit des dialogues qu’il instaure avec les membres de sa famille (sa tante Lucette en premier lieu, son cousin Jean-Yves ensuite). Gondry s’y met au service des siens, restant, lui – cinéaste, on le sait, brillant – nettement en retrait.
Le film n’éblouit donc pas. Il déçoit même un peu tant la simplicité qu’il déploie le pose en œuvre mineure, transitoire. C’est pourtant toute l’intelligence de Michel Gondry que de savoir prendre le temps de mener à bien un tel projet. C’est avec des films-respiration comme celui-ci – ou avec un projet comme l’usine de films amateurs au Centre Pompidou – que son cinéma se renouvelle constamment et ne s’écroule pas dans la quête forcenée du tour de force. Gageons qu’après L’écume des jours, il le démontre à nouveau bientôt.
SK
Michel Gondry, L’épine dans le cœur, DVD, éditions Montparnasse, 15 euros (en vente depuis le 2 avril 2013).