Je me suis beaucoup, beaucoup énervée en lisant cette tribune de Dukan ; même pas sur lui qui défend son beefsteack mais sur le Huffington qui donne la parole à quelqu’un dont le régime a été dénoncé comme dangereux.
Dukan a tout compris, notez-le. Il y a quelques mois les gens en surpoids étaient pour lui de sales paresseux sans volonté, il prend en compte aujourd’hui, pas si con, les souffrances qui peuvent amener à trop et mal manger.
Tentative d’explication (et à mon avis ca vaut pour à peu près toutes les prises de substances addictives possibles).
Imaginez que vous traversiez tranquillement une rue lorsque surgit un chauffard. Vous n’avez que le temps de faire un bond en arrière, votre cœur bat la chamade, vous avez un pic d’adrénaline et il va falloir des heures pour que vous vous sentiez à nouveau bien. Vous allez sans doute vous asseoir un moment, peut-être aller boire un chocolat, faire de la respiration etc.
Imaginez une personne qui subit cette situation 50 fois par jour ; 50 fois par jour elle a un gros pic émotionnel. 50 fois par jour donc elle traverse une phase de gros inconfort. Cette personne a du mal à gérer ses émotions, une situation qui laissera beaucoup de gens de marbre l’exaspérera. Il lui faudra du temps pour se sentir à nouveau bien. (vous m’avez reconnue ?
; vous aurez compris en plus qu’entre mon histoire familiale raconté hier + d’autres trucs la nourriture est un sujet compliqué).Beaucoup de gens ayant des troubles du comportement alimentaire sont sur ce fonctionnement là.
Quelles solutions ?
- le régime ? pas de souci ils trouveront un autre substitut pour se calmer en état de pic émotionnel. Lors de mes 50 000 régimes, je doublais ma conso de clopes par exemple (en étant déjà à 2 paquets par jour). Ou alors ils « craqueront » le jour où l’émotion sera incoercible et se sentiront mal, donc mangeront donc se sentiront mal donc mangeront etc.
On sait que 80% des régimes aboutissent à un échec. On continue à se dire que les gros sont des connards sans volonté ou on questionne la méthode ?
- Ne plus s’énerver pour un rien ? Oui. Et c’est ce que que propose d’ailleurs les méthodes dénoncées par Dukan. On vous apprend des méthodes de relaxation, à pratiquer à quotidien par exemple. Cela diminue votre capacité à vous mettre en situation de stress, donc à ensuite abuser d’une substance X ou Y (la nourriture ici).
Revenons sur les délires naturoïdes de Dukan où la faim sera un « instinct ». Rappelons en la définition « partie héréditaire d’un comportement partagé par tous les membres de l’espèce ». Inutile de vous dire que plus personne – à part de vieux barbons milliardaires qui voient leur business dénoncé – n’emploie ce mot qui ne veut plus rien dire. (je ris encore sur la « puissance du sacr » comme instinct).
Manger quand on a faim (et pas parce que c’est l’heure du repas, ou parce qu’on est énervé, ou parce qu’on s’ennuie) n’est pas chose aisée. Je l’ai appris, personnellement.
S’arrêter de manger, encore moins (et je ne l’ai pas encore appris je crois
) .« Et puis si ce que les tenants de l’abandon du régime prônaient avait du sens, il suffirait de bien peu de chose pour faire cesser cette épidémie.« dit notre tartuffe. Et non. parce qu’il faut du temps pour apprendre à canaliser ses émotions. Du temps pour savoir quand commencer à manger et quand s’arrêter. On maigrit donc lentement. Ah ca n’est pas vite comme Dukan ca c’est sûr ! Moi j’ai fait mieux que Dukan quand j’ai arrêté de fumer je me suis mise aux sachets hyperprotéinés exclusifs ! J’ai tout repris evidemment. + quelques autres.
Ne pas tomber dans son addiction habituelle (ou ses addictions) quand on est en inconfort émotionnel (avant de visualiser quelqu’un de vaguement grognon souvenez vous de mon histoire de chauffard, vous l’avez sans doute expérimenté, donc vous pouvez imaginer combien vous êtes mal).
Donc est ce que le non-régime est une bonne idée ? Il y a peu j’ai twité « j’ai craqué je suis au régime ». Je suis donc bien mal placée pour dire que c’est mal (même si je sais que ca l’est). Les régimes font grossir, nous donnent une mauvaise image de nous-mêmes.
Peu importe qui vous suivrez si vous voulez vous rééduquez à manger, comme vous le constatez je ne prône aucune chapelle car la minceur est un business de partout.
Une dernière chose. Dukan évoque l’alcool. Je serais curieuse, vraiment, de connaître le taux de rechute ou le nombre de dépressions après avoir arrêté de boire (ou tout autres substances dépendantes/addictives). Je ne prône évidemment pas de continuer à boire/se droguer etc. Je dis que dans les conditions actuelles où RIEN ne nous est proposé à part l’arrêt à tout prix avec aucune solution pour essayer de comprendre pourquoi on s’est mis à boire, en quoi cela nous soulage, qu’est ce que cela comble, je doute de la réussite.
Personnellement j’étais – je suis – extrêmement dépendante à la clope. Deux ans et demi après c’est encore un deuil que de ne pas fumer. J’écrirais peut-être un jour là dessus tant j’ai l’impression d’être la seule au milieu d’anciens fumeurs tous fous de joie de s’être arrêtée et moi qui en pleurerait de penser à ne plus jamais toucher à une clope.
Rien – médicalement parlant j’entends – ne m’a été proposé pour travailler sur ce besoin d’autant fumer, sur ce deuil à faire. Pourtant on sait que beaucoup d’anciens fumeurs recraquent. On sait que beaucoup font des dépressions. Alors oui Dukan, je pense qu’il y a beaucoup à faire en matière d’addictions en France.