Bagdad Jérusalem à la lisière de l'incendie, de Salah al Hamdani et Ronny Someck

Publié le 14 mai 2013 par Onarretetout

La rencontre est unique : les deux poètes sont nés à Bagdad en 1951. C’est le hasard qui les met au même endroit en même temps. Le hasard ? Non, c’est la poésie puisqu’ils sont tous deux invités dans un festival. Ils ne se connaissent pas. Salah al Hamdani raconte qu’il a entendu annoncer Ronny Someck, né à Bagdad en 1951, et s’est dit : « c’est moi, c’est mon frère ». C’est ainsi qu’est née l’idée de ce recueil, avec Bruno Doucey pour éditeur. Trois langues : l’arabe, l’hébreu, le français. Seule la poésie peut cela. Et moi, lecteur, qui cherche les mots qui répondent aux autres mots, je ne trouve pas autre chose que ce qui réunirait deux frères, séparés dès l’enfance (Ronny Someck a quitté l’Irak très jeune pour Israël et n’est jamais revenu sur la terre natale ; Salah al Hamdani a connu la prison en Irak et vit en France depuis 1975). L’un évoque « Bagdad l’infidèle (…) comme la corde du pendu », l’autre exhorte l’un (« Déchirons ensemble les langues / qui mentent sur la paix / Incitons les à la révolte »). De cet échange, c’est la diversité qui se lève, l’humour de l’un, la nostalgie de l’autre.

De Ronny Someck : « La mémoire est une assiette vide, la cicatrice / laissée par le couteau sur la peau », mais aussi : « On ne laissait pas de riz dans l’assiette de ma grand-mère », ou encore : « Quand on prononce à haute voix le mot "silence", le silence s’efface ».

De Salah al Hamdani : « Sache seulement / que je n’ai pas égaré le soleil / mais que des crapules / me l’ont volé », mais aussi : « Si les blessures de l’enfance sont enterrées, elles ne cicatriseront jamais », ou encore : « Comment demander à l’eau du ruisseau de ne pas devenir fleuve ».