Une fois passées les affres du désespoir et la rage impuissante qui me met en transes à chaque fois qu’un vulgaire objet me lâche quand j’en ai besoin, un calme serein s’est emparé de moi et durant quelques jours, ma panne d’ordinateur m’a laissé presque froid.
Aujourd’hui, alors qu’une âme charitable m’a prêté un PC dans l’attente d’une étude de marché appropriée me permettant d’en choisir un autre, taillé à mes besoins, je constate que cette expérience bien que douloureuse s’avère très instructive. Une semaine sans ordinateur, voilà ce à quoi je viens de réchapper et dont je vais témoigner ici.
J’ai dit la rage exaspérée des premiers instants, je n’y reviens pas. Ensuite, il y eut une sensation de libération complètement inattendue que j’explique ainsi. Je ne passe pas des heures en continue sur ma machine, par contre j’y vais de multiples fois dans la journée. Ca commence le matin par du zapping sur Internet, je vais voir ce qui se passe sur les sites que je fréquente régulièrement, je me tiens informé des actualités dans tous les domaines et surtout, je vais voir les statistiques de fréquentation de mes deux blogs. J’enregistre enfin mon billet du jour.
Plus tard et plusieurs fois par jour, je vais noter ou développer une idée de billet pour un prochain article, commencer à écrire une critique de livre etc. Et finalement, tout cela me prend pas mal de temps, ce qui n’est pas bien grave puisque j’ai décidé que ce serait mon activité principale de retraité. Or, sans mon ordinateur et ne pouvant plus faire tout cela, je me suis retrouvé libéré d’énormément de temps ce qui a créé un vide dans mon existence.
Une libération donc, mais aussi un manque certain. C’est mon traitement de texte qui m’a le plus manqué ! J’adore écrire et sentir les mots se créer tout seul sous mes doigts quand je frappe le clavier, une quasi jouissance dont je ne me lasse pas, émerveillé de lire le texte qui apparaît sous mes yeux, premier lecteur étonné de ce que j’écris. C’est un peu dingue, je sais, mais chacun prend son plaisir comme il l’entend.
Vous constatez que je n’ai abordé que l’aspect bureautique de mon utilisation du PC et rien que cet aspect, quand il m’est soustrait, me cause une peine affreuse. Venons-en à l’accès à Internet qui lui aussi m’a beaucoup manqué. Impossible de savoir si vous veniez me lire ou pour moi, d’aller jeter un œil sur les blogs que je fréquente ; pas d’accès à mes sites de rock préférés où je me tiens informé en temps réel de ce qui se passe dans ce microcosme et surtout plus d’accès à mes emails. Le roi était nu et se sentait bien seul.
Quel bilan retirer de cette expérience ? Pourrais-je vivre sans ordinateur et sans Internet ? La réponse raisonnable serait de dire oui – tout est toujours possible – mais quelle satisfaction en retirerais-je, aucune en vérité. Si ce n’est de m’isoler complètement du monde et ne vivre plus qu’avec moi-même, ce pas que je n’ose franchir car je le devine trop dangereux pour ma santé mentale.