D’un corps à l’autre
Isabelle Burgun - Agence Science-Presse
«La mort n’est pas ici virtuelle contrairement à certains films ou productions artistiques», souligne d’emblée Mireille Pilotto, coordonnatrice d’Anatomies. Ce projet mariant les arts et la science a permis à de jeunes artistes de franchir les portes du laboratoire d’anatomie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
C’est là que Johanne Pellerin, la responsable du laboratoire, les a accueillis en compagnie d’un cadavre. Cette expérience unique offrait aux étudiants de découvrir la technique de dissection anatomique, mais également de se questionner sur leur propre rapport avec la mort. «C’était l’occasion rare de voir un corps mort. Nous avons pu toucher et manipuler les organes, les côtes et les viscères de cette femme de 63 ans», explique Mireille Pilotto.
Thème choisi en raison de son évident rapprochement entre les sciences et les arts (représentation du corps humain, étude des organes, etc.), le projet Anatomies se déroulait du 17 au 22 février sur le campus de l’UQTR. Il s’agissait du premier événement interdisciplinaire organisé par le nouveau Centre de diffusion des arts et des sciences (CDAS r3).
Vieillir en beauté
Le corps, sous ses plus improbables coutures, s’est dévoilé, lors de cet événement, surtout à travers de multiples expositions: Archives médicales Hokes de Beauvais Lyons, La beauté de l’âge sur le vieillissement, l’exposition collective d’œuvres relatives au corps Lexique anatomique.
Ainsi, 135 étudiants du cours psychologie du vieillissement de l’Université se sont livrés à la photographie. Avec plus ou moins de talent, ils ont cherché à capter sur papier la «moelle» de la vieillesse. L’exposition «La Beauté de l’âge» présentait leurs 40 meilleurs clichés. «L’objectif était de leur faire rencontrer des personnes âgées. La vieillesse n’est pas faite que de pertes. Certaines personnes rayonnent de maturité, de sagesse et même de bonheur», explique Sylvie Lapierre, directrice du Laboratoire de gérontologie de l’UQTR et instigatrice de l’exposition.
Le programme de ces cinq jours «arts et sciences» comprenait également des conférences, dont celle du professeur de chimie-biologie Régis Olry. Cet adepte de la plastination des corps et des organes y présentait la relation ambivalente de l’art et de la médecine.
Anatomies inaugure ainsi la nouvelle vocation de la galerie d’exposition du département des arts. Son mandat sera de diffuser aussi bien des œuvres artistiques que des travaux de recherche scientifique.
Pour en savoir plus:
Projet Anatomies :