La déception a été grande hier soir pour les amoureux de handball qui ont vu les filles du Metz Handball battues aux arènes de 5 buts après une victoire avec 4 buts d’avance au Danemark qui laissait entrevoir le titre européen , le premier pour le club qui jouait là sa 23ème coupe d’Europe consécutive. Sans doute un record français.
Soyons clairs d’emblée : l’article qui va suivre n’est en rien née d’une quelconque amertume après cette défaite qui succède à 5 autre échecs consécutifs ( les 3 coupes jouées la saison dernière, le championnat 2012, la coupe de la ligue 2012-2013. ) Il ne prétend pas non plus mettre en doute la qualité des joueuses du Metz Handball ni la légitimité de cette équipe dans le paysage sportif messin. Il était prévu de longue date et je n’attendais que la fin du championnat de N2 masculine pour l’écrire.
Mais à l’heure où on ne peut plus ouvrir nos quotidiens locaux sans y lire les bonnes paroles de Thierry Weizman, président du Metz Handball, sans jamais l’ombre d’un esprit critique de la part des journalistes locaux pour qui le club est une machine à faire vendre du papier mais aussi des encarts publicitaires, il convient justement de regarder différemment ce club qui domine le handball français depuis si longtemps. Et surtout de se poser quelques questions et de rappeler quelques vérités que les résultats cachent.
Mr Weizman est arrivé à la tête du club alors que celui-ci venait d’échapper de peu à une rétrogradation administrative car il se trouvait en situation financière précaire. On pourrait être tenter de voir en lui le sauveur, le messie , celui qui a sauvé le handball féminin de la division 2 et plus surement encore de la faillite. Et ne lui ôtons pas le mérite d’être partie prenante dans le sauvetage du club , sa participation est indéniable. Mais si à l’époque de nombreuses entreprises ont accepté de mettre la main au porte-monnaie , ce n’est pas pour l’amour du sport mais bien souvent grâce à l’amicale pression des collectivités locales , la mairie de Metz, encore dirigée par Rausch, en tête.
Sous la direction de Mr Weizman , les résultats des filles auront été dans la lignée de ses prédécesseurs , l’accession au top 8 européen en plus (qu’une finale perdue de la coupe de l’EHF ne confirme pas d’ailleurs) . Même si Metz s’est découvert des adversaires de mieux en mieux armées en championnat, le vaisseau bleu et jaune n’a jamais vraiment tangué jusqu’à la saison dernière qui s’est achevé sur un zéro pointé , le premier depuis 2003.Il faut dire qu’avec un budget qui se situe entre 1,8 et 1,9 millions d’euros, Metz Handball aurait de quoi figurer en D1 masculine, même s’il serait loin de son pendant masculin du PSG et son budget de près de 10 millions d’euros. Interrogé par mes soins il y a quelques semaines sur l’ambition de la ville au sujet de l’équipe masculine de handball, l’adjoint au maire chargé du dossier ,qui a trouvé vingt minutes dans son planning annuel pour rendre visite aux handballeurs au palais des sports il y a quelques semaines, me répondait que la section masculine devait développer les partenariats privés pour progresser. Étonnant (Détonnant même) quand le Metz Handball présente un budget qui provient pour près d’un tiers de subventions publiques . Imaginerait-on pareil scénario pour un club de football pro ? Imaginerait-on que la saison prochaine les collectivités subventionnent à hauteur de 4,3 millions le budget annoncé par le FC Metz ? là ou le bât blesse encore plus c’est que , si pour beaucoup le Metz Handball est un club féminin, en réalité , près de 60% au moins de ses licenciés sont …des garçons. A qui on réserve une part infime du budget.
Mais là ne s’arrêtent pas les incongruités de la gestion du Metz Handball : en effet , en début de saison, Mr Weizman a sollicité l’ancien président du Smec, Philippe Apelle pour dynamiser la section masculine. De nouveaux partenaires financiers, comme Intersport par exemple, ont accepté de participer financièrement contre leur présence sur les affiches et les invitations aux matchs. Près de 700 affiches ont été imprimées et 8000 billets également mis sous presse. Le hic c’est qu’alors que la majorité des matchs étaient prévus au complexe Saint Symphorien , le Metz Handball masculin a eu le triste privilège d’être la seule équipe de niveau national à devoir jouer ses matchs à domicile dans 4 lieux différents : le complexe St Symphorien , la petite salle des arènes, les Arènes en lever de rideaux des filles ou encore le gymnase du technopôle. Du coup, affiches et billets se sont retrouvés obsolètes et les partenaires financiers, dont les chèques ont bien été encaissés , n’ont pu être mis en valeur. Question respect , on a vu mieux, tant pour les joueurs que pour les partenaires ou les supporters. Le comble a été atteint début décembre : alors que nous avions concocté une animation autour du match , que de nombreuses invitations avaient été distribuées, des affiches placardées dans tout Metz, nous apprenions le mercredi soir que le match prévu le dimanche était finalement délocalisé au technopole. La mairie venait de se rendre compte qu’au même moment se jouait au complexe St Symphorien une journée du championnat de France de tennis de table…En tout cas , voilà comment décourager de potentiels investisseurs pour le hand masculin et les supporters qui avaient pourtant répondu présents lors de la première journée au complexe St Symphorien ( 250 personnes environ contre 50 la saison dernière en Nationale 1) ou lors de la réception d’Epinal où la petite salle des arènes s’est avérée trop petite, du public ayant du suivre le match debout. Mais les changements de salle ont eu raison de cet engouement naissant et c’est devant un carré de fidèles que la saison s’est terminée samedi dernier dans un derby contre Folschviller qui autrefois déplaçait les foules en Nationale 1.
Philippe Apelle est reparti, découragé , et les joueurs , brillants en début de saison, se sont éteints , fatigués , lassés du manque de considération du club à leur égard, blessés pour certains comme le capitaine Justin Bayle qui a tenu pourtant sa place en l’absence d’un banc assez profond malgré les demandes de recrutement du staff. Le staff qui n’a pas plus de considération des dirigeants puisque, alors que la saison est terminé ,aucun ne sait de quoi demain sera fait pour lui. Il se murmure que Majstorovic , le coach, pourrait ne pas être reconduit , coupable de ne pas avoir fait de miracles , mais aussi peut-être coupable de ne pas toujours savoir faire preuve de pédagogie avec ses joueurs usés par ce fort caractère.
La saison prochaine, plusieurs cadres ne seront plus là : Justin Bayle a pris sa retraite sportive après le derby mosellan de samedi, Simon Cordier a fait ses valises pour le soleil et devrait être imité par Victor Leroux. Benjamin Charles pourrait profiter d’une opportunité professionnelle en Suisse et quitter à son tour la Moselle. Et alors qu’une saison se prépare plusieurs mois avant même la fin de la saison en cours, rien n’a vraiment été fait depuis janvier. Thierry Weizman veut faire confiance aux jeunes ! Mais pour quoi faire ? pour qu’ils aillent ensuite faire les beaux jours de Folschviller comme les frères Thiebault ou Maxime Scheidt parce qu’on a aucun projet à Metz pour les retenir ? La jeunesse parlons en : chez les filles , combien de joueuses formées à Metz étaient hier soir sur la feuille de match contre Holstebro ? 5. Sur 16 joueuses. Pour un temps de jeu accaparé par les gardiennes et Nina Kanto. Côté relève , 3 joueuses seulement font partie de l’équipe de France des moins de 20 ans. Il y a un manque d’ambition au niveau de la formation à Metz où on préfère investir dans le brillant ( on pourrait croire que Weizman est un bon socialiste messin s’il n’était pas l’adjoint au maire de Longeville les Metz, le divers droite Alain Chapelain qui s’est fait connaitre pour ses propos homophobes malheureux ) ; si l’équipe fournit un gros contingent à l’équipe de France peu ont été réellement formées à Metz, des clubs comme Le Havre, Nimes ,Issy ou Besançon faisant mieux en ce domaine ; si l’on prend l’effectif qui a joué le championnat d’Europe en Serbie en 2012 , 1 seule joueuse, Nina Kanto, a été formée à Metz, contre 3 à Nimes, Le Havre ou Besançon et 2 à Issy. A noter que deux joueurs formés à Metz font eux partie potentiellement de l’équipe de France masculine : le gardien Vincent Gérard et l’ailier gauche Baptiste Butto…
Mais sans doute l’an prochain tout va aller mieux ; le club semble en effet avoir tant d’argent qu’il peut se permettre de vouloir recruter plus de joueuses étrangères qu’il ne pourra en aligner sur la feuille de match en championnat ( ne vient-on pas d’ailleurs de faire signer une troisième gardienne de niveau international ? ) . Les caisses semblant bien pleines , ce serait bien le diable s’il n’y en avait pas un peu pour les garçons ! Et gageons que Mr Weizman, qui en plus d’être président en connait plus que son entraîneur (le club a mis à l’essai la semaine dernière une joueuse serbe qui plaît à l’entraîneur Sandor Rac, bien moins présent dans les médias que son président, mais pas à Mr Weizman en fin technicien) a de bonnes surprises dans sa hotte pour tenter de redonner du lustre à l’équipe de garçons ; histoire de rappeler que le handball féminin ne serait peut-être pas devenu ce qu’il est aujourd’hui s’il n’avait pas pu s’appuyer à l’époque sur une section masculine de haut niveau du temps de feu l’ASPTT Metz.
Pour finir je citerai Mr Weizman lui même dans le RL ce matin « »JE n’aurai pas encore de coupe d’Europe. J’AI encore progressé puisque MON club a joué sa première finale ». Tout semble dit pour un homme qui, parait-il aurait une ambition politique qui ne se bornerait pas à Longeville. Peut-être qu’un jour il pourra dire « JE suis Metz « …