Les dix premières années de l’Internet, il fallait payer une web-agency ou un webmaster, c'est-à-dire des spécialistes qui maîtrisaient le code html pour pouvoir publier des informations et des images sur le net. On peut dire que l’individu s’est réellement libéré dès lors que la barrière technologique a sauté et que la gratuité s’est installée. L’apparition des premiers blogs au départ alimentés par des experts reconnus d’un domaine (technologie, littérature, marketing, consommation…) a très vite suscité l’intérêt, c’était une alternative concurrentielle des médias traditionnels avec souvent une information plus pointue.
Entre temps, une seconde couche de la population se familiarisait avec l’Internet, attirée par les premiers sites de services en ligne et surtout les bonnes affaires qu’on y proposait (voyages degriffés, soldes, ebay…). Les utilisateurs se sont donc retrouvés à être des millions et dès lors qu’ils naviguaient sur le Net, naissait en eux l’envie de s’exprimer même si ce sont les plus jeunes qui ont donné le "la", surtout avec des sites comme youTube et MySpace. Petit à petit les blogs ont été pris en main par une multitude de personnes qui, elles aussi étaient expertes dans leur domaine. Elles avaient enfin un outil, somme toute, assez simple pour s’exprimer et comme sur internet il n’y a pas de barrière au nouvel entrant, pourquoi ne pas y être ?
Petit retour en arrière, les premières fois où les individus ont eu à être présents sur le net, c’était pour trouver un emploi. Les sites de CV ont défriché le terrain car ils contraignaient l’individu à décliner son identité et à fournir des renseignements personnels. Le second type de site qui a incité les personnes à se livrer sont les sites de rencontres, dans lesquels on donnait des renseignements de l’ordre de l’intime. A partir de ce moment, les inhibitions ont disparu et chacun s’est senti libre de pouvoir exister sur le Net. Sites d’expression (blogs, Wikipedia, SecondLife…) sites de réseau (Facebook, Copains d'avant…) sites identitaires professionnels (Linkedin, Viadeo et le dernier né Talentsbooster).
Bien entendu je ne parle que des internautes actifs sur le Net. Il existe encore une partie de la population qui reste réfractaire à une cyber présence par souci de protéger sa vie privée.
Qui sont les plus actifs sur le Net ? Tous ceux qui veulent toucher rapidement une grande masse d’individus à savoir les personnes qui ont un business à développer, un produit ou un service à vendre ou une personnalité à promouvoir. Les politiques sont donc intéressés au premier chef comme ceux qui ont des idées ou des causes à défendre. Et les autres me direz-vous ? Qu’est-ce qui les motivent ? Comment explique-t-on la multi présence de certaines personnes ? Tout simplement pour satisfaire un besoin de reconnaissance qui se manifeste par le développement de la notoriété du producteur de contenu, tout ce qu’il dit est lu et commenté et il se doit donc de rester au niveau pour servir de référence et pour ce faire, rien ne doit lui échapper de ce qui se passe. Il adopte une attitude de "always-on", le toujours connecté. Ainsi, l’hypervisibilité conduit à l’hyperconnectivité.. Lire à ce propos l’article de J F Ruiz. La deuxième manière d’alimenter ce besoin de reconnaissance est l’hypersociabilité, car la sociabilité de l’individu peut devenir très largement supérieure à ce que nos limites physiques et temporelles nous permettent de développer. Envoyer un même message, une même information à des milliers de personnes en un seul instant nous permet un échange social qui ne peut être qu’enrichissant.
Mais le postulat indispensable pour que tout cela fonctionne est la gestion de sa présence et de sa communication sur le réseau des réseaux c'est-à-dire l’hypervisibilité. .Bien entendu nous n’en sommes encore qu’au début du phénomène.
Jusqu’il y a encore peu de temps obtenir des informations sur quelqu’un via la Net nécessitait en une mini enquête. Il fallait reconstituer un parcours à travers des éléments de présence involontaire, mentions dans des sites parce que cette personne avait publié ou participé à un événement, une conférence, un travail collectif ou encore parce qu’elle avait fait l’objet d’une actualité. Aujourd’hui de nombreux outils sont mis à notre disposition pour gérer notre cyber profil mais peu de personnes maîtrisent leurs informations personnelles et je suis étonnée de voir à quel point des personnages importants voire de grands chefs d’entreprise négligent l’importance de la représentation de leur identité sur le Net.
L’internaute 2.0 est un individu hypersocial mais encore très immature dans l’exploitation de ce nouvel espace de communication que représente l’internet. Il doit apprendre à gérer son identité numérique à la faire mûrir en même temps qu’il évolue au contact des autres. Dans quelques années la majorité des personnes auront une identité agissante et les pionniers profiteront de l’ancienneté de leur présence alors que les nouveaux se battront pour avoir leur place parmi leurs homonymes et confrères par exemple. Revoir l’article précédemment paru sur « Des entreprises redorent votre blason sur Google. »