CHANSON – Si vous vous demandez ce qu’une chronique de Jacques Higelin fout sur un site de rock, je vous invite à écouter BBH75 (sorti en 1974). Une fois que c’est fait, on pourra discuter calmement.
Jacques Higelin a toujours eu une carrière en dent de scie. Des moments de gloire, d’autres où il s’est fait plus discret et n’a pas toujours été au top. C’est comme ça, il le sait notre bon Jacquot, la vie de poète n’est pas monotone, il prend des risques, mais quelle bonheur de la vivre. Il fait partie d’une génération de chanteurs que l’on peut appeler encore « poète » et le voir en live est toujours un moment unique. Il peut prolonger ses concerts jusqu’à point d’heure, il peut déraper, improviser ou s’énerver, il sera toujours entier. On l’aime comme ça Jacques Higelin, il nous surprend, il nous remue, il nous touche. N’est-ce pas là, le but du poète ? A plus de 70 ans, il n’a plus rien à prouver à qui ce soit, si ce n’est peut-être à lui-même qu’il peut encore écrire de belles chansons.
Depuis les années 2000, Higelin a sorti 2 albums produits par Rodolphe Burger (AMOR DOLOROSSO 2006, COUP DE FOUDRE 2010) qui ont été bien accueilli par le public. Pour ce nouvel album, BEAU REPAIRE, c’est l’énigmatique Docteur Mahut (les fans d’Higelin le connaissent bien) que l’on retrouve à la production en compagnie d’Edith Fambuena. Cet album renoue avec certains moments passés de la carrière de l’artiste. On a parfois l’impression de se retrouver dans des ambiances de TOMBER DU CIEL avec des titres qu’on retient facilement (la Joie de Vivre, Seul, Rendez-vous en Gare d’Angoulème) ou de retrouver des moments plus poétiques (Pour une fois). Poétique comme sa manière de chanter et comme les émotions qu’il transmet. Plutôt noraml pour ce disciple de Charles Trenet me direz-vous. Les thèmes récurrents de la vie, de l’amour (Délire d’Alarme, Etre là être en vie) sont sources d’inspiration inépuisable pour le grand Jacques et il continue de les déclamer.
N’empêche que ce BEAU REPAIRE n’est pas si facile d’accès au premier abord. Hormis les titres dynamiques et facilement accessibles précités, il faut du temps pour apprivoiser ces mélodies et ces atmosphères. Higelin déroute l’auditeur par moment, s’autorise des petits plaisirs avec Sandrine Bonnaire (Duo d’Anges Heureux), ressort son anglais légendaire (Tomorrow Morning) ou nous séduit par quelques accords sur sa vieille guitare (Hey Man). Mais une fois qu’on s’est installé sur la banquette à côté de notre vieux copain Jacquot et qu’on file tout droit sans savoir vraiment ou l’on va, on se sent bien dans ce BEAU REPAIRE. Merci l’artiste.