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Gouvernement d’union nationale : une solution en trompe-l’oeil

Publié le 13 mai 2013 par Delits


Un gouvernement d’union nationale qui acte la défiance envers les politiques.

L’idée d’un gouvernement d’union nationale plait : presque 8 Français sur 10 y sont favorables selon un sondage IFOP pour le JDD. Dans ce contexte de crise aigue, le concept fait mouche : il relègue les combats politiciens au second plan, donne l’image d’une union sacrée centrée sur les problèmes des Français. Lutte contre le chômage, dette publique, pouvoir d’achat : pour chacun de ces sujets, près d’un Français sur deux estime que le gouvernement d’union nationale serait plus efficace qu’un gouvernement classique.

Mais, l’attrait pour un gouvernement d’union nationale doit également être compris à l’aune de la crise de légitimité de l’exécutif. Le baromètre Harris Interactive/Délits d’Opinion qui décrypte les ressorts de la popularité du gouvernement souligne les doutes du peuple des défiants, inquiets face à un Président tacticien qui louvoie sans cap clair. Or le gouvernement d’union nationale peut précisément apparaitre comme le contrepoint de ces critiques : une équipe unie autour d’un cap précis de redressement.

Union nationale ou pot pourri ?

Pour autant, en analysant de près les chiffres, il apparaît que les Français n’ont en rien abandonné leurs filtres partisans. Et c’est tout le paradoxe de ce sondage. Car le plébiscite tient également à l’adhésion très forte des sympathisants UMP (89%), et du FN (79%) qui voient dans l’union nationale le moyen de reprendre un peu les rênes du pouvoir. Bien loin de la concorde nationale.

En réalité, nos compatriotes ont une conception assez ostracisante du gouvernement d’union nationale, qu’ils souhaiteraient recentré sur leur famille politique…Ainsi, seuls 40% des sympathisants de gauche sont favorables à la présence de l’UMP dans ce gouvernement d’union nationale. Et les sympathisants UMP sont à peine plus ouverts, puisque 57% seulement seraient favorables à l’entrée de socialistes dans ce type de gouvernement. Pour ces électeurs, la proximité partisane l’emporte sur l’union nationale.

La question du casting traduit un peu plus encore le paradoxe des Français : aucune personnalité interrogée ne franchit la barre des 50% d’adhésion. François Bayrou, Louis Gallois, Martine Aubry : pour chacune de ces personnalités, seule une minorité de Français souhaiterait sa présence. Le beau principe de gouvernement d’union nationale se heurte de plein fouet au principe de réalité et à l’enjeu d’incarnation.

Au final, l’attirance théorique de nos compatriotes pour un gouvernement d’union nationale révèle d’abord l’échec d’une classe politique, dont on espère qu’elle saura faire à plusieurs ce qu’elle ne parvient à régler seule. Un concept qui peut s’avérer dévastateur pour la vie politique sur le long terme. L’exemple italien du dernier gouvernement Monti et le succès consécutifs des populistes Grillo et Berlusconi lors des élections législatives de février devraient alerter les tenants d’un gouvernement d’union nationale. S’il venait à voir le jour en France, le chiffon rouge d’un système UMPS agité par les extrêmes prendrait totalement chair et finirait de convaincre les Français que la seule alternative se situe aux extrêmes.


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