« Mais celui qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience ». René Char
Amnistie sociale ! qu’elle semble bien vilaine cette association entre ces vocables d’ « amnistie » et de « sociale » assemblés en un mariage vraiment pas pour tous. Du temps de la Sarkozie, militant socialiste je prenais position pour défendre dans les conflits sociaux tous les syndiqués qui luttaient face aux fermetures d’usines, aux démantèlements, aux brutalités d’un patronat confiant de l’appui d’un gouvernement réactionnaire. C’était par exemple, s’il vous en souvient le temps de la solidarité d’avec les Conti, le temps des dénonciations des injustices salariales…
Il paraîtrait qu’un sondage BVA révèle que 75% des français sont opposés à l’amnistie sociale. Plions nous donc à la bonne raison de ce sondage si la seule légitimité de notre militantisme social est de baisser pavillon face la légitimité du peuple sondé ! Pas de vague alors et suivons docilement... Heureusement qu’à l’époque de plus en plus bénie des années 80 d’un gouvernement Mauroy sous une présidence Mitterrand ( excusez du peu ! ) pour abolir la peine de mort les sondages et l’opinion publique n’étaient pas pris en compte…sinon nous en serions encore à trancher des têtes et à nous trouver en compagnie de l'Iran ou des Etats-Unis dans l'ultime peloton du maintien de ce châtiment!
Cette amnistie sociale ne doit pas être abandonnée… elle doit être votée. Je comprends et suis solidaire avec le député socialiste Patrick Mennucci qui affiche avec résolution son droit à la désobéissance ! Cette désobéissance qui est une vertu en politique – ne l’oublions pas car comme je l’inscrivais en exergue cette citation de René Char est d’actualité et devrait être un guide de conscience. Cette conscience qui se délite et chaque jour m'en apporte une douloureuse preuve d'abandon, ici même...
Je me range aux côtés du poète, qui fut un militant et un résistant exemplaire pour nous donner à tracer ce sillon. Mon sentiment de révolte ne s'arrêtera pas aux portes de Matignon et à celles de l'Elysée qui ont été ouvertes en Mai 2013 par le vote des français et entre autre de syndicalistes en grande espérance de changement après des années et des années de meurtrissures.
Voter contre l'amnistie ou soutenir aveuglément ce vote c’est se ranger aux côtés d’un Medef arrogant, c’est alourdir le climat social et ne pas reconnaître le combat syndical, c’est ne pas entendre les voix qui s’élèvent contre la facture alourdie que l’on exige des partenaires sociaux, c’est une faute politique. Et se réfugier derrière de petites arguties sur la soi disant immoralité ou indécence de certains actes serait une forfaiture contre le mouvement social. Ce mouvement social qui dans l'histoire de France s'est élevé parfois avec violence pour puiser les droits qui aujourd'hui cimentent notre société. Toute l'histoire du Front Populaire en est l'exemple glorieux. Si aujourd'hui je pars en vacances, en congés payés, c'est grâce aux usines occupées, grâce aux illégalités des syndicalistes d'antan!!!
Il est encore un espoir au PS d'un ressort social qu’il ne faut pas sectionner. Patrick Mennucci avec raison note également « qu’il n’est pas idiot de donner satisfaction à des alliés dont nous allons avoir besoin, pour les élections municipales l’an prochain »… En outre cette amnistie ne touchera qu’une centaine de syndicalistes… Pour gouverner, demain, François Hollande et le gouvernement auront besoin de l’appui des syndicats et d’un climat social apaisé pour faire passer des réformes et cela dans la nécessaire concertation appuyée sur le dialogue.