Réparer l'oreille interne lorsqu'elle est endommagée par des traumatismes ou les effets de l'âge, tel est le but du projet Bionic Ear financé en partie par l'Union européenne.
Chaque année, des millions de personnes en Europe sont touchées par la surdité.
Un problème de santé publique auquel l'Union européenne a décidé de s'attaquer en finançant à hauteur de 1,53 million d'euros ce projet d'envergure. L'Italie, la Suisse, la Suède et bien sûr la
France y participent.
C'est dans ce cadre qu'une équipe du CNRS dirigée par Éric Scarfone (Université de Montpellier) étudie la façon de réparer, voire de remplacer les cellules ciliées qui transforment les signaux mécaniques (sons et mouvements) en signaux électriques qu'elles transmettent aux neurones sensoriels.
Ces éléments de l'organe auditif sont incontournables pour bien entendre : lorsque ces cellules sont détruites par le bruit, l'utilisation de certains antibiotiques ou simplement l'effet de l'âge, elles meurent et aucune autre ne les remplace.
« Notre but est donc de favoriser la survie des neurones sensoriels qui restent, et si possible de provoquer leur régénération » explique Éric Scarfone. Il faut donc stimuler les récepteurs de ces neurones par des signaux électriques ou chimiques afin qu'ils survivent. Comment ? En améliorant certaines des techniques, notamment l'implant d'une électrode dans la cochlée de l'oreille : reliée à un microphone, elle transforme le signal du son en signal électrique qui stimule directement les neurones sensoriels.
« Le fonctionnement exact de l'implant cochléaire n'est pas complètement compris, souligne Éric Scarfone. En particulier, on ne sait pas encore expliquer les grandes variations d'efficacité de cet acte opératoire. Ce qui nous intéresse ici, c'est l'amélioration de l'interface électrode-neurones. »
Pour cela, l'équipe de Montpellier a rajouté sur l'électrode implantée dans la cochlée, des micro-sphères en polymère, d'environ 300 microns de diamètre. Ces petites capsules renferment des lignées cellulaires animales modifiées qui jouent le rôle des cellules ciliées disparues, et sont capables de sécréter des protéines.
Comme l'espère le chercheur, ces dernières vont diffuser vers les récepteurs du neurone et les maintenir en vie (facteur trophique). Du même coup, des fibres nerveuses des neurones, entraînées vers l'électrode, devraient ainsi repousser.
Belle astuce que ces capsules, car elles possèdent des pores assez petits pour laisser passer les protéines. Mais en même temps, elles protègent les lignées cellulaires animales « étrangères » à l'organisme, du système immunitaire.
« Cela marche in vitro, tout l'enjeu est donc désormais de réussir cela in vivo ! » précise Éric Scarfone.
« En parallèle, nous avons mis en évidence la présence probable de cellules souches dans l'épithélium sensoriel vestibulaire (un organe cellulaire de l'oreille interne) de la souris et nous avons réussi à obtenir in vitro la production de cellules semblables aux cellules ciliées »s'enthousiasme-t-il.
Beau résultat, car chez l'homme, ces cellules souches prélevées à partir des tissus de l'oreille pourraient, dans le futur, se substituer aux cellules ciliées endommagées, et là sans aucun risque de rejet.
Le blog des acouphéniens
Philippe Barraqué
Musicothérapeute
CD de thérapie sonore anti-acouphènes : www.stop-acouphenes.fr
Source : CNRS