Les plantes ont-elles un zizi ?

Par Vanessav

Il y a comme cela des titres un peu provocateurs... Et grand bien leur fasse! J'aime ces documentaires qui donnent à comprendre des savoirs scientifiques en proposant une ouverture humoristique.

© Jeanne FAILEVIC, Véronique PELLISSIER et Cécile GAMBINI/ Actes Sud junior
"Les plantes ont-elles un zizi et autres questions fondamentales sur les végétaux" de Jeanne FAILEVIC, Véronique PELLISSIER et illustré par Cécile GAMBINI est une autre manière d'évoluer dans la botanique.Chaque chapitre part d'une question particulière, la réponse est alors déclinée en exemples, schémas et références.Le sexe des fleurs apparait justement non dans la forme ambigüe de l'arum mais dans leur anatomie d'étamine et de pistil. La fécondation et la naissance d'une graine sont explicitées avec schémas mais aussi dessins de la spécificité des pollens et leur mobilité (anémophile, zoophile). Les plantes ne sont plus alors des formes molles "végétatives" mais de vraies stratèges pour attirer les insectes pollinisateurs, pour flouer ou faire alliance.


© Jeanne FAILEVIC, Véronique PELLISSIER et Cécile GAMBINI/ Actes Sud junior
La chaîne alimentaire réapparait avec les plantes comme productrices de matières organiques. Nous découvrons aussi la photosynthèse, fabrication de sucres grâce à la lumière, d'une manière beaucoup plus attrayante avec les bouches de la plante (stomates), la distinction des sèves, brute ou élaborée, mais aussi les racines qui puisent les nutriments, les symbioses faites avec d'autres organismes pour faciliter l'absorption des nutriments, comme les champignons (micorhize). Les crottes des végétaux amènent aussi un aspect intéressant des déchets, comme la lignine, toxique incrément.Les plantes se font aussi mobiles, se déplacent, s'enracinent, réagissent à l'environnement. Les plantes n'apparaissent plus, non plus, comme de faibles éléments. Elles sont fortes, de leur évolution, de leur adaptation, de la structure cellulaire rigide mais aussi de leur anatomie ou/et de leur enracinement.Nous découvrons les adversaires des plantes mais aussi leurs défenses physiques ou chimiques, leur sèves antigels, leurs stratégies pour survivre à l'hiver avec ce détachement des feuilles et le capuchon de liège protecteur.Nous apprenons leurs moyens de communication, pour résister aux gazelles, pour attirer les pollinisateurs, pour marquer son territoire comme le noyer.Il est même question de la mort, de morts-vivants et presque d'éternité.


© Jeanne FAILEVIC, Véronique PELLISSIER et Cécile GAMBINI/ Actes Sud junior
Vous l'aurez compris, une foultitude de connaissances est exposée mais rien n'est rébarbatif. La question de début de chapitre, illustrée d'une photographie des incongruités botaniques, amène beaucoup d'illustrations, d'exemples et d'"anecdotes". Et juste après une autre question un peu indiscrète arrive: les plantes font-elles des crottes?C'est aussi une ouverture vers d'autres savoirs botaniques avec les références données, Linné mais aussi Francis Hallé, et les notes de fin d'ouvrage.
Les illustrations de Cécile GAMBINI sont soit des présentations schématiques presque scientifiques, soit des illustrations plus imagées de relation aux plantes. Elles ne sont peut-être pas particulièrement réalistes, comme dans un guide botanique par exemple, mais les plantes sont tout à fait reconnaissables et ne sont ainsi que des points de focalisation.Le parti-pris de proposer une réflexion anthropomorphique n'est pas là pour dénaturer le contenu. De nombreuses coupes montrent la structure interne des végétaux, les mots latins des espèces mais aussi les noms particuliers des phénomènes présentés sont ici inscrits et même mis en avant par une pagination et une mise en gras. Tout est fait pour être le plus clair possible mais aussi le plus amusant. Paris réussi... et dire qu'il sera question de botanique au programme de 6ième, avec cette insipidité possible des contenus: là, nous serons prêts!