J'aime regarder mon fils dormir. Ces petites minutes précieuses, minuscules, sont à moi. Je me les prends. Je me les garde. Je le caresse des yeux. C'est à peine si je touche une mèche de cheveux pour dégager son front, de peur de balayer un joli rêve. Tout mon être, gonflé d'une immense joie, lui souffle l'amour infini au creux de l'oreille. Je le protège, et je sens le rayonnement de mes ancêtres au dessus de nous, veillant, bienveillants. Tout est là, je n'ai besoin de rien. Tout ce qui précède et tout ce qui suivra était là, est là, ici et maintenant. Je possède l'instant présent, je le tiens, je le tiens, je le tiens puis il s'échappe.
D'un battement de cil, un oeil s'ouvre, il me regarde et déjà pense au monde qui l'attend. Il se lève léger sans laisser de trace. Peut-être est-ce une larme sur ma joue ? Une goutte d'eau de mère.