Mon blaze c’est Yimbi Kumma, rappeur Soninké, de père Soninké et de mère Peul. J’ai grandi entre le Guidimakha et Nouakchott. Depuis 2004 je suis engagé dans le rap pour porter la parole de la jeunesse et de toutes les personnes sans voix. Je suis un homme engagé et porté sur la modernité avec les valeurs de justice et d’équité de notre société multi séculaire. C’est la raison pour laquelle je me permets aujourd’hui de dire qu’il est temps de passer aux actes et non pas de rester sur des paroles en l’air. Ce message est dirigé en premier à la nouvelle génération pour dépasser leur complexe et vers toutes les personnes éprises de paix et de l’unité pour notre cher pays la Mauritanie.
Actuellement, au Guidimakha, les descendants des victimes de l’esclave ou de condition servile n’ont pas les mêmes droits que d’autres personnes se disant nobles.
Les mauritaniens antiesclavagistes et autres amis de notre pays doivent retenir que l’esclavage existe bel et bien chez les maures, mais aussi bien dans les autres communautés négro-africaines et en particulier dans la communauté Soninké . Dans cette communauté ; l’on est esclave de père en fils et même après la mort, les esclaves sont enterrés dans des cimetières séparés. Il n’est pas nécessaire de dire ici la complexité de la stratification de la société Soninkéet de ses valeurs conservatrices depuis la nuit des temps.
Après la désignation Me Hamdi Ould Mahjoub à la tête de l’Agence Takhadoum de lutte contre les séquelles de l’esclavage ainsi que de son secrétaire général M.Sidi Maouloud Ould Brahim, le pouvoir vient de coopté M. Camara Moussa Seydi Boubou comme président du conseil d’administration de cette structure. Aucune action dans le domaine de la lutte contre l’esclavage ou de ses séquelles au Guidimakha ou ailleurs dans notre pays n’est à mettre à l’actif de M. CAMARA Moussa Seydi Boubou ou à un autre de cette caste de privilégiés par ascendance.
Il est à rappeler ici, l’actualité de
la question de l’esclavage et/ou des personnes de condition servile dans la communauté Soninké, dont notamment la propriété des terres non résolues àCoumba N’Daw, à Diaguily … et aussi, du dictat des Soniké Tounka Lemu pour lesquelles le sieur et l’élite susnommés se sont illustrés
par leur silence complaisant. Leur implication dans les campagnes de dénigrement de cadres non assimilés aux nobles ou des castes, comme le cas le plus connu fut celui de la nomination de
M. Timéra Boubou par l’ancien régime de Ould Taya.
Il est utile de souligner que la création de l’Agence Takhadoum de lutte contre les « séquelles de l’esclavage » est le résultat du combat de plusieurs décennies de femmes et d’hommes
épris de paix et de justice, dont le fer de lance a été et sont les Haratine.
Ceux qui devaient conduire la mise en œuvre du programme de cette structure, auraient été des personnes connues pour leur probité intellectuelle, morale et leur engagement pour cette cause, qui
prend aujourd’hui une ampleur sans précédent dans la vie de nos populations laissées pour compte dans la périphérie des grandes villes comme Nouakchott, Nouadhibou, Rosso, Kaédi, Kiffa… et les
villages. D’autant que, des cadres de hauts niveaux, engagés dans la lutte contre l’esclavage et l’injustice se trouvent par milliers dans nos administrations publiques et parapubliques.
Il apparait qu’en Mauritanie, que seuls les fils de grandes tentes ou de grandes cases sont promus par les différents régimes et ceux de l’indépendance de notre pays à ce jour.
La nouvelle génération décomplexée et assumant leur héritage pour l’inscrire dans la république, doit prendre en charge cette réalité pour l’éradiquer dans le pays et en particulier dans la communauté Soninké et de donner un coup fatal aux vieux réflexes de domination « d’élus » par l’on sait par quel démons.
Les descendants d’esclavagistes avec leur éducation de préséance ne peuvent apporter de solutions significatives à la question de l’esclavage et encore moins à ses séquelles, et ceux quel que soit leurs études académiques ou diplômes et/ou leurs expériences professionnelles dans tous les corps de métiers. Ils sont les garants de l’ordre ancien qui préserve et perpétue l’esclavage dans forme les plus abjects.
J’appelle les médias, les artistes, les associations et la population à nous soutenir pour une grande manifestation en 2014 à Nouakchott pour la CITOYENNETÉ. Je demande à tous les mauritaniens de répondre à cet appel car nous sommes un pays qui doit rester unis et indivisible.
Enfin, je lance un appel solennel au président de la République mauritanien qui est le seul ayant la possibilité de régler ce problème de discrimination qui règne dans le pays. Le Guidimakha comme la Mauritanie n’appartient pas à une seule famille mais à l’ensemble de la population vivant sur son sol.
Papa Coulibaly dit Yimbi Kumma
Membre d’ARMEPES-France