Hier,11 mai 2013, en fin d'après-midi, je suis retombé en enfance.
J'ai pris un petit train à vapeur pour parcourir en un quart d'heure la distance qui sépare la gare de Blonay du Chemin de fer-Musée Blonay-Chamby.
Cela m'a rappelé le Train Bleu que nous prenions mes parents, mes trois soeurs et moi, dans les années 1960.
Nous partions de Paris en soirée et nous arrivions vers neuf heures du matin à Monaco. Rituellement, mon père et moi prenions
des oeufs sur le plat au bacon au petit-déjeuner, dans le somptueux wagon-restaurant... Dans les tunnels, il ne fallait pas ouvrir les fenêtres pour ne pas recevoir d'escarbilles... Ici et
maintenant, le charbon vient de Russie ou de Chine...
Cela m'a rappelé mon train électrique Märklin, dont mon grand-père maternel, installateur électricien de métier, avait cablé les aiguillages et les feux de signalisation sous la planche où il avait fixé les rails, et qu'il avait installée sur la table de ping pong du sous-sol de notre maison d'Auteuil...
Mais ce n'est pas pour la nostalgie que je vins hier au musée en question, mais pour écouter les trois séances de lectures organisées par l'Association vaudoise des écrivains, dans un wagon-salon jaune, comme le sous-marin des Beatles.
Ces séances n'ont d'ailleurs pas commencé par une lecture mais par un véritable one man show du truculent Luciano Cavallini, qui joue avec les mots comme il danse.
Pierrette Kirchner Zufferey lut effectivement un conte de son recueil à paraître, La fée migrante.
Serge Heughebaert, en l'absence du regretté Pierre Nicolas, le contrebassiste de Georges Brassens, lut une chanson qu'il avait composée jadis illico à la vue d'une jeune femme en vison assise à côté d'un mineur, dans un wagon de troisième classe d'un train du Nord de la France, dont il est originaire.
Isabelle Chabanel, ancienne comédienne et ancienne institutrice, lut un texte de son cru d'une voix mélodieuse, tellement mélodieuse que je me suis laissé bercer par sa
musique sans prêter la moindre attention aux mots...
Philippe Lamon, qui vient de publier un roman, lui succéda avec un texte humoristique, paru dans les Récits de voyage 2012 des CFF, sous le titre de La valise
bleue, qui ne s'avéra pas le piège que l'on croyait...
Tiré de ce même ouvrage collectif, Hélène Dormond lut sa nouvelle désopilante A fond de
train, dans laquelle elle montre que le train est un moyen de transport de tout repos...
Sabine Dormond, dans sa nouvelle L'aiguilleur déraille, également tirée des Récits de voyage 2012 des CFF - décidément une mine ferroviaire -, nous raconta comment un moment d'égarement d'un aiguilleur surmené peut provoquer une catastrophe.
Isabelle Chabanel prêta sa voix à une nouvelle de voyage de Jérôme P, qui rappelle la parabole du fils prodigue.
Enfin Olivier Chapuis fit le récit burlesque d'un voyage familial, plein de péripéties, au cours duquel un garçon et sa soeur s'envoient des gracieusetés tout le long du périple.
Pour saluer l'arrivée de chaque train, le Macadam Jazz Band jouait des airs de jazz façon New Orleans, dont Les copains d'abord de Georges Brassens, qui ne laissent pas de me ravir et de trotter dans ma tête.
Cette fois, cela m'a rappelé les Haricots Rouges, ce groupe mythique qui se produisait régulièrement à Saint Jean-de-Luz, à l'invite du café-restaurant Le Suisse - cela ne s'invente pas -, sis place Louis XIV.
Il me suffit d'évoquer le Roi-Soleil, sans trop songer à certaines ombres de son règne, pour que le soleil, depuis
le Panoramique Café, attenant au musée, finisse sous mes yeux en apothéose, au-desssus de mon lac préféré. La véritable nuit des
musées de la Riviera put commencer...
Francis Richard