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Rouge de Paris, roman historique de Jean-Paul Desprat

Publié le 12 mai 2013 par Mpbernet

12 mai 2013

Rouge

Rouge de Paris (1789 – 1794) est le troisième tome de la saga de la famille Masson que l’historien Jean-Paul Desprat nous livre, cette aventure commencée avec Bleu de Sèvres (Seuil, 2006), puis Jaune de Naples (Seuil, 2010), qui nous transporte de la cour de Louis XVI à la chute de Robespierre.
Nous sommes en 1789. Dans l’euphorie des idées nouvelles, après la prise de la Bastille, nous retrouvons Paul, le fils d’Anselme Masson, l’homme qui a redécouvert le secret de la porcelaine dure  pour la Pompadour et le roi Louis XV, au seuil de bouleversements qui tournent à présent autour de sa sœur aînée, Adèle.

Elle vient d’être engagée à la Manufacture de Sèvres comme peintre d’oiseaux, mais la plupart des nobles clients émigrent et les commandes deviennent rares. Pire, d’importantes commandes déjà livrées, comme ce somptueux service destiné à l’impératrice de Russie Catherine II, demeurent impayées.  Bientôt, les ouvriers ne sont plus rémunérés et vont s’employer ailleurs, les ateliers ferment, les premières grèves ont lieu, un comité révolutionnaire se constitue, la direction de la Manufacture est confiée à des incompétents.

Vases Madame Victoire

vases Sèvres par C

Adèle a 26 ans. Elle a du talent, elle est belle et sage. Mais une rencontre va bouleverser sa vie : celle du tribun Gabriel Mirabeau, noble élu du Tiers-Etat, qui ne se départit jamais de son strict uniforme noir en enflammant l’Assemblée. Il est laid, le visage grêlé de petite-vérole, il a le double de son âge, c’est un débauché mais un homme exceptionnel, aux idées généreuses et terriblement en avance sur son temps, un bourreau de travail. Il tombe amoureux de la discrète Adèle mais pressent aussi les terrifiantes évolutions des mouvements que la Révolution a mis en branle. Incapable de contrer le cours des événements, il mourra de « burn out » comme on dirait aujourd’hui, plus prosaïquement de tuberculose …  Adèle continue à demeurer l’âme de la Manufacture tandis que son frère Paul est engagé au Garde-Meuble National pour dresser l’inventaire des joyaux de la couronne.

L’histoire s’accélère. Les héros subissent les vicissitudes de la politique qui s’emballe : le procès et la décapitation de Louis XVI, le sort de la reine à la prison du Temple, l’assemblée nationale, les clubs, les factions, le rôle trouble et dangereux de Danton, Adèle faisant la connaissance de Manon Roland, tombant amoureuse à nouveau d’un jeune et beau député Girondin, les meilleurs esprits pourtant acquis aux idées nouvelles broyés par la fureur révolutionnaire … Jean-Paul Desprat nous fait vivre les soubresauts de la vie politique, dans ce qu’elle a aujourd’hui comme jadis, de plus cruel et imprévisible, en particulier sous la pression de la menace extérieure. Au nom de la Liberté, combien de crimes ne furent-ils alors pas commis ?

mirabeau

Danton

Un livre fort, qui donne le sentiment que rien ne change de l’âme humaine et que de telles horreurs doivent se perpétrer chaque jour dans les pays qui, aujourd’hui, connaissent des mouvements révolutionnaires, et qui ne manqueraient pas de se reproduire si des temps plus troublés revenaient dans notre pays politiquement toujours aussi déchiré.

Rouge de Paris, roman historique de Jean-Paul Desprat, aux éditions du Seuil, 624 p. 21€


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