Magazine Chanson française

Costes l’Halluciné…

Publié le 12 mai 2013 par Melmont

Costes l’Halluciné…  

jean-louis-costes-2flow

070415

costesminiclav

   

   On ne présente pas un artiste comme Jean-Louis Costes. Je veux dire par là que si vous êtes ignorant à son sujet, tant pis. Et il n’est jamais trop tard pour le découvrir sur les flots du web. Célèbre pour ses opéra-punk, ses penchants ‘organiques’, pour ne pas dire scatophiles, ses écrits polémiques, ses coups de gueules, ses textes de chansons dérangeants, on aurait tort de balayer son existence d’un revers de main en haussant les épaules et pensant que ce n’est qu’un lointain cousin francophone d’Iggy Pop, en plus trash. Marginal absolu qui aurait pu sortir de l’imagination de Pasolini, il n’est en fait (à l’instar, dans un autre genre, du penseur controversé Philippe Ariño ou de la bimbo Nabilla) que le condensé de toutes les névroses, les paradoxes de la société dans laquelle il évolue. Il est le témoin d’une société qui fonctionne, malgré tout, sorte de soupape de sécurité en mettant à nu les tabous, les questions dérangeantes. Peu importe qu’on soit d’accord ou en désaccord avec ces personnalités, qu’on les approuve ou pas, mais leur présence est rassurante, et il est même sain que des gens s’étripent entre eux à leur sujet. L’histoire artistique sur le moyen terme retiendra davantage l’œuvre marquante, surprenante, insaisissable de Jean-Louis Costes que celle de Christophe Maé. Certains artistes ne vivent que pour le temps présent et c’est leur choix, respectable. Le risque à ne vivre que dans le temps présent est de ne jamais s’interroger sur l’avenir. Avenir qui sera un jour le présent. Me suis-je fait comprendre ? Peut-être pas. Tant pis. Bonne lecture.

Comment faites-vous pour être aussi prolifique : écriture, chansons, scène, peintures ?

Je n'ai ni vie sociale, ni vie privée, et travaille sans cesse. En plus je bosse vite, avec l'impression que je vais mourir demain, alors ça fait speeder !

Est-ce que je fais fausse route si je vous qualifie de tourmenté, au sens strict du terme ?

C'est le mot exact. Je suis tout le temps en train de me prendre la tête sur un truc. Bouffé par l'angoisse, la culpabilité, l'impression d'être nul et de tout rater. C'est pour ça que je bosse sans arrêt, car ça me calme et me donne des satisfactions passagères.

Vous ne trichez pas avec le corps : la sueur, la pisse, la merde, le sexe… Pensez-vous vous assagir un jour ou rester toujours aussi radical ?

Je n'ai pas l'impression d'être déraisonnable. Ca me parait sage de faire son truc à fond. Les excès de mon oeuvre, pour moi, sont tout à fait normaux et banals. J'aime l'intensité en art. Les oeuvres qui cassent la tête. Je vis comme ça. Je ressens comme ça. Je suis comme ça. Donc je ne peux pas m'assagir. Par contre je peux dépérir, m'affaiblir avec l'âge.

Certains prétendent que vous êtes une icône underground, je dis que vous êtes une icône tout court dans le paysage artistique francophone : ça vous fait quoi d’être une icône ?

Je ne sais pas ce que je peux représenter pour les autres. Je vis trop à l'intérieur de moi pour me rendre compte. Ce qui est sûr c'est que je me considère pas "underground", dans le sens où j'adhérerais à un mouvement volontairement à part. Je me crois "mainstream" ! Je suis persuadé que mon oeuvre est accessible à un large public. Si je suis "underground", confiné dans l'autoproduction, loin des médias, c'est contre ma volonté. Disons que j'ai échoué socialement.

Pourquoi écrivez-vous ?  Quelle  est la part autobiographique dans vos romans ?

Je me suis mis à écrire des textes pour mon site internet en 1997. Juste des textes courts, pour m'amuser, sans aucune ambition. J'ai écrit mon premier roman sans le faire exprès. Je voulais faire un scénario de film, et le texte à pris de plus en plus d'ampleur. Je suis rentré plus profond dans l'écriture, et me suis retrouvé avec un roman. C'était Viva la merda en 2003. Après Raphaël Sorin de Fayard, ayant lu mes trucs sur internet m'a demandé d'écrire un autre roman. Ca a donné Grand-Père. Depuis, j'ai écrit trois autres romans, mais Fayard et tous les autres éditeurs les ont refusés, trouvant ça trop trash. Alors je, me publie moi même par le biais de http://www.eretic-art.com, et finalement ça marche très bien. Je viens justement de sortir un nouveau roman : Guerriers amoureux. C'est l'histoire de deux copains, dealers de banlieue, tombant amoureux de la même fille. Et finissant par se battre pour elle… A la suite de cette violente embrouille, ils quittent la cité. L'un part trafiquer la cocaïne en Amérique du Sud. L'autre part faire la guerre en Afrique. La fille, possédée par un démon, se fait désenvoûter dans une secte de New-York. Mais le destin les réunit à nouveau, pris dans une guerre mondiale. Les deux anciens amis seront ennemis mortels. Et le vainqueur aura la main de la belle...C'est à la fois ultra violent et ultra romantique. Ce roman vous emporte à travers quatre continents, au rythme effréné de ses héros accros au crack. On plonge dans les bas-fonds de l'Histoire contemporaine et de l'âme humaine. Là où la beauté sublime côtoie l'horreur.

On vous aime ou on vous hait, mais vous ne laissez pas indifférent, vous ne jouez pas dans la demi-mesure : quel regard posez-vous sur le monde artistique actuel ?

Franchement, je ne connais rien de l'art contemporain. Je sais juste que je hais l'art subventionné, car la subvention tue la créativité de l'artiste qui finit par produire des oeuvres soumises à la censure de l'Etat donneur du fric. Et je hais aussi l'art conceptuel et engagé. Totalement nul, débile. Le concept ne peut pas être un préalable à l'acte artistique vrai. Car l'art est un mystère. C'est l'oeuvre en se créant qui impose mystérieusement un sens et un sentiment, contre la volonté de l'artiste soumis à son oeuvre.

Vos artistes préférés ? (quelque soient leurs domaines ?)

Je connais mal, je serais pas de bon conseil. Il y a plein de trucs excellents qui sortent des bas-fonds.... Ce qui m'intéresse le plus en ce moment n'est pas nouveau. C'est les vieilles partitions d'orgue pour les messes catholiques : grégorien tout spécialement.

Votre regard sur la politique française, les sujets de sociétés, etc ? 

Je déteste les socialistes. Des gens ayant pouvoir sur nous qu'ils veulent faire croire à ceux qui n'ont pas de pouvoir qu'ils sont nos gentils copains ! C'est vicieux ! Je préfère un pouvoir franc, une hiérarchie assumée.

Quels sont vos projets ?

Là, je m'occupe de la sortie du roman Guerriers amoureux. Après, je compte produire un nouvel opéra porno-social avec plusieurs actrices.

Une question à laquelle on n’échappe pas : votre plat préféré ?

Le pain chaud.

Merci !

 L.M

http://jeanlouiscostes.org/

http://www.costes.org/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Louis_Costes


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Melmont 2514 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte