Magazine Culture
Je viens de terminer la lecture de
« Robopocalypse » de Daniel H. Wilson et qui devrait être porté à
l’écran par Stephen Spielberg prochainement. L’incertitude demeure sur la date
de sortie du film, car celui-ci a été retardé, le scénario initial ayant été
jugé beaucoup trop cher.
Le livre est plutôt bien
écrit et se laisse lire. Les nombreuses scènes d’actions laissent préjuger d’un
blockbuster musclé qui devrait ravir les amateurs du genre. Néanmoins,
l’histoire ne brille pas par son originalité, puisqu’elle interprète à nouveau
la liturgie des robots qui se révoltent contre l’humanité pour la détruire et
ainsi sauver la planète. De ce point de vue, Robopocalypse pourrait très bien
trouver sa place dans la série des Terminators à l'épisode du jugement dernier.
Comme dans une majorité de scénarios similaires, les robots sont en fait
manipulés par une IA qui a décidé d’en finir avec l’espèce humaine. Son nom est
« Archos » dans Robopocalypse. Le vrai méchant, c’est-elle, et non
les robots qui lui obéissent comme des pantins.
Bien souvent dans ce
genre d’histoire, après avoir été conçue par un chercheur et son équipe de
geeks en blouse blanche, l’IA commence à apprendre à une vitesse fulgurante. Et
puis, d’un seul coup, comme par magie (noire), tout s’arrête comme si la conclusion de toute cette
évolution ne pouvait être que la fin de l’humanité. Sous l’aspect d’un
raisonnement a priori logique, cette transformation s’apparente plutôt à une
possession démoniaque. On y retrouve en effet tous les traits d’un démon
possédant la machine, lui insufflant la vie et une haine sans borne pour
l’humanité. Là s’arrête la comparaison, car il n’y a pas de scène d’exorcisme à
proprement parler. Cela pourrait d’ailleurs être un scénario assez original de
mixer pour de bon les deux genres.
La possession est un concept
qui rappelle celui d’avatar, autrement dit le contrôle d’une entité par une
autre. L’origine provient du mot sanskrit « avatâra » qui au sens
propre signifie « descente ». Il s’agit de l’incarnation corporelle
d’une entité supérieure dans le monde des mortels pour accomplir une tâche
précise. Initialement, le terme « avatar » a été utilisé dans la
croyance hindoue pour les incarnations de Vishnou, le dieu suprême. Le principe de
l’incarnation d’un dieu dans un corps matériel se retrouve dans les rites
chamaniques ancestraux et également dans la tradition égyptienne antique. La
notion d’avatar a ensuite été utilisée dans les histoires fantastiques (lire par
exemple dans Robot Erectus, la nouvelle « Avatar » de Théophile
Gautier). Mais alors que les déités hindoues s’incarnent pour sauver le monde du
désordre cosmique engendré par les démons, la possession occidentale
s’apparente plutôt à l’inverse : c’est un démon qui s’incarne pour
apporter le chaos sur Terre.
Avec notre société technologique, la notion d’avatar a été étendue au
contrôle d’une entité virtuelle ou d’un robot par un utilisateur humain. Il y
aurait encore beaucoup à dire sur ce thème, tant les notions d’avatar et de
possession sont riches et fertiles, non seulement pour l’imaginaire mais aussi
pour inventer de nouveaux dispositifs pour augmenter la pensée et nos
capacités, par exemple de traitement des données.