Si l'on reste la bouche ouverteInstantanément, sans hésitation ni agitation, Alors les mouvements du souffle sont paralysés Et la suppression (du mental) se produit – 37"Instantanément" renvoie à la conscience du présent (kṣaṇika-jñāna).La fixité du regard est la "posture de Śiva", décrite dans de nombreux textes. Ici dans le Vijñāna Bhairava, transmis par Vāmana dans sa Perception non-duelle (Advaya-saṃpatti) :Écoute ! Ô déesse, je vais te dire entièrement Cet enseignement oral : La liberté apparaît Dès que les yeux sont immobiles. 20 Le retournement du regard est enseigné ici :Lors d’une vision (ou) d'une pensée, On doit voir, à travers les objets vus, celui qui voit.Quand on le voit, on gagne la liberté. Qui ne le voit pas est aliéné – 31Encore une fois, ce beau document sur Dudjom et quelques uns de ses disciples. Son attitude illustre parfaitement la conscience de l'instant présent, le laisser aller dans une conscience ouverte, sans point de référence (à 35') :
Ainsi cette libre conscience dont parle le dzogchen n'est rien d'autre que la conscience simple (cin-mātra) dont parlent les traditions non-dualistes, bouddhistes ou non. Le jeune Mingyour Rinpotché le dit clairement : "Qu'est-ce que cette essence (ngo bo) du mental ? C'est une conscience sans objet". Il précise la distinction entre mental (citta) et conscience libre (cit, vidyā) : "Ce que l'on appelle le mental dépend d'un objet. S'il n'y a pas d'objet, il ne peut fonctionner. Le sujet connaissant nommé rig pa n'a pas besoin d'un objet" (A Meditator's Guide to Great Completion pp. 193-194).Une autre différence est que le mental est toujours lié à une forme d'effort, de labeur, de lutte contre une résistance. Alors que la conscience est libre de tout, y-compris d'elle-même. Elle n'est pas confinée en elle-même, comme si elle était figée à l'image d'un glaçon. Au contraire, parce qu'elle n'est pas une essence fixe, déterminée, elle est vraiment libre. Tout apparaît comme un ornement, une expression de sa liberté. Dès lors, la méditation mentale peut être distraite par un objet. Alors que la méditation qui est la nature même de la conscience ne peut pas être dérangée par un objet, externe ou interne. Si l'on est perturbé par le bruit ou l'agitation, c'est signe que la méditation est mentale, fixée sur un objet.