Alfonsina storni - imagine

Par Ruedelapoesie @ruedelapoesie

Traduction : Roland Husson
Palermo, épaisse chevelure verte
(Aux) libres bandeaux
Sur le côté droit de Buenos Aires

Des maisons de rêve, comme des peignes
De couleurs
Les avivent et les fixent.
Le Rio de la Plata
Bras droit musculeux
Fonctionne
Articulé sur le torse de fer de la ville :
Avec ses doigts nerveux
Il prend par grappes les émigrants
Les disperse dans le port
Ramène les êtres retapés
A leurs terres natales ;
Avec l’ongle du majeur
Il touche Montevideo ;
Avec ses poings bourbeux
Il arrête les bleus taureaux de l’Atlantique
Il nourrit sur ses palmes
Les grands papillons blancs des voiliers
Il tisse une tunique de gazes humides
Pour son corps décharné et cubïque
Et le soulevant
Par-dessus l’épaule
Il atteint les vertes ombres
Du Parana.
Presque paralytique
Son bras gauche fait de pampas
Pend le long de son corps
Dans une fluctuation d’espoir
Ses pieds mal chaussés
Avec des bottines de fumées noire
De sombres bicoques
Des plaques de zinc
Sueur fatigue plaie
S’enfoncent brutalement
Dans les quartiers du Sud